"Soyons fermes, purs et fidèles ; au bout de nos peines, il y a la plus grande gloire du monde, celle des hommes qui n'ont pas cédé." Charles de Gaulle.

lundi 27 février 2017

JAMET LE DIMANCHE !


Dimanche 26 fév 2017

Jamet le dimanche ! Une course d'obstacles

Dominique Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également journaliste depuis... toujours tient chaque semaine sur le site de Debout la France une chronique où il commente très librement l'actualité politique.                                  
Les abonnés du Pari mutuel, et notamment les adeptes du quinté, sont parfaitement au fait de la particularité des courses de chevaux à handicap. Le principe en est le suivant : au départ de l’épreuve, les chevaux a priori favoris, sur la base de leurs résultats  antérieurs, doivent porter, en plus de leur jockey, un poids supplémentaire (des plaques de plomb) proportionné à leur valeur. Variante : les mêmes « rendent » à leurs concurrents une longueur de vingt-cinq à soixante-quinze mètres qu’ils devront parcourir en sus. Sous une forme ou une autre, la finalité de ce système est claire : pénalisant le plus fort, avantageant le plus faible, il égalise les chances des uns et des autres, il donne ou laisse sa chance à chacun. Et c’est ainsi qu’il arrive que les outsiders l’emportent sur les cracks. Où l’on voit qu’équitation et équité peuvent aller de pair.
La course à l’Elysée, en revanche, obéit à des règles diamétralement opposées, qui favorisent outrageusement ces vieux chevaux de retour que sont les « grands » partis, autrement dit les puissants, les riches, les installés, aux dépens de leurs challengers moins fortunés.
Lorsqu’en 1962 le général de Gaulle soumit au referendum l’amendement constitutionnel qui donnait – plus exactement qui rendait - au peuple tout entier le droit d’élire pour sept ans le chef de l’Etat, il ne s’était pas particulièrement préoccupé d’organiser les conditions dans lesquelles s’exercerait ce droit. Le diable, à son habitude, s’est niché dans les détails, la malignité politicienne et la rouerie des institutions publiques – Conseil constitutionnel, CSA – ou privées – les médias  - ont multiplié les dispositions, les pratiques, les chicanes, qui ont fait de cette grande compétition républicaine une vicieuse course d’obstacles.
L’obligation, introduite dès l’origine, de disposer de cent parrainages d’élus pour avoir le droit de se présenter, ne visait qu’à empêcher les farfelus, les fous, les zozos et les petits malins de mettre à profit l’occasion pour agiter leurs marottes et faire gratuitement la publicité de leur personne ou de leurs élucubrations – ce qui d’ailleurs, n’empêcha pas, en 1965, le doux rêveur qu’était Marcel Barbu de bénéficier sur l’unique chaîne de la télévision nationale, d’une tribune équivalente à celle du libérateur du territoire, de François Mitterrand ou de Jean Lecanuet.
Mais ce n’est pas pour cette seule raison que la barre fut ultérieurement portée par le législateur à cinq cents parrainages. Tandis que, forts de leurs réseaux, de leur force de frappe, de leur rente de situation, les « grands » partis disposent d’un simple claquement de doigts du nombre requis d’élus, leurs compétiteurs, privés de représentation par le scrutin majoritaire, doivent ramer  et s’épuiser pendant des mois et des mois pour satisfaire à cette obligation. Le dévouement des militants, l’enracinement territorial, la personnalité des candidats, la pertinence de leurs idées, la cohérence de leur programme permettent à certains de franchir l’obstacle, mais combien, pourtant personnellement aptes et politiquement légitime, périssent en chemin, combien de cadavres politiques jonchent le sol à l’issue d’une éprouvante traversée du désert ! Et  l’on sait de reste que l’annonce de la publication intégrale de la liste des « parrains », dernière invention du système, avait pour but et a bien eu pour effet, au mépris de leur dignité et de leur liberté, d’intimider des centaines, que dis-je des milliers d’élus locaux peu soucieux d’affronter la fronde de leurs propres électeurs et surtout les représailles des grands barons, des grands feudataires qui se sont taillé des fiefs dans l’épaisseur du tissu républicain.
L’argent, nerf de la guerre et de la politique, n’est pas équitablement réparti, c’est peu de le dire, entre tous les concurrents. Les uns disposent du magot, de la manne, que leur verse l’Etat sur la base des consultations antérieures et du nombre de leurs élus au Parlement, les autres ont toute liberté de s’adresser aux donateurs, donc au dévouement et à la charité privés, dans de strictes limites dont les puissants savent à merveille s’affranchir.
Et comme si cette inégalité des chances ne suffisait pas, les médias, sous la bienveillante et benoîte surveillance du Conseil constitutionnel et du C.S.A., garants d’un prétendu pluralisme à la mode de quand, mettent dans la balance tout leur poids en faveur de ceux qui en ont le moins besoin, au détriment de ceux dont les idées rencontrent bien souvent celles du plus grand nombre, qui, tout simplement, n’en aura pas connaissance, et se croira réduit à n’avoir le choix qu’entre le vote utile à des gens qui ne le sont pas et l’abstention, ce suicide collectif  du civisme.
Le CSA, justement, rendait publique hier la répartition du temps d’antenne, toutes chaînes confondues, entre les différents courants et mouvements de notre paysage politique sur les six derniers mois. Entre  août et janvier derniers , l’exécutif (président et gouvernement) a bénéficié de 265 heures. Soit. Le parti dit des « Républicains » de 482 heures. Le Parti qui s’appelle encore socialiste de 421 heures. Primaire oblige. Le Front national de 139 heures. Le Parti de gauche de 45 heures. « En marche » de 43 heures. EELV de 40 heures. L’UDI, le Parti communiste, le Modem, Debout la France d’entre 10 et 20 heures chacun. Tout se passe comme si, avant même le départ de la course, les uns étaient crédités d’avance de leur future qualification,  les autres condamnés à courir à cloche-pied, les jambes entravées, bouche bâillonnée.
Cela, nous dit-on, ce système qui protège les forts et pénalise les faibles, ce serait la démocratie. La démocratie ? Mais oui, telle que la pratiquent et la pervertissent, jour après jour, élection après élection, ceux pour qui ce mot, ce beau mot, ce grand mot,  est  synonyme  de darwinisme, de triche, d’iniquité.

Inauguration ce soir de "cent ciels" une exposition de l'artiste Isabelle ADELUS et SURAN, à l'Abbaye des Prémontrés sur invitation de Valérie DEBORD, Henry LEMOINE et les membres du Conseil d'Administration de l'Abbaye des Prémontrés.










dimanche 19 février 2017

WEEK END MILITANT DANS LA 6ème CIRCONSCRIPTION.








JAMET LE DIMANCHE !


Dimanche 19 fév 2017

Jamet le dimanche ! LES VRAIS COUPABLES

 Dominique Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également journaliste depuis... toujours tient chaque semaine sur le site de Debout la France une chronique où il commente très librement l'actualité politique.     
                                   Signe de compassion, message de sympathie, témoignage de solidarité, promesse qu’il serait fait prompte et bonne justice d’un policier brutal,  apparemment indigne de l’uniforme qu’il porte et de la fonction qu’il exerce… Oui, François Hollande était pleinement dans son rôle lorsque, toutes affaires cessantes, il a rendu visite, l’autre jour, sur son lit d’hôpital, au  jeune Théo, victime, le 2 février dernier, d’un geste inqualifiable, inexcusable et intolérable. On aimerait, pour une fois, créditer d’un bon point, sans réserve et sans restriction, ce sous-chef d’Etat dont le parcours, depuis cinq ans, ressemble à un slalom géant où un skieur débutant aurait enfoncé indifféremment portes ouvertes et fenêtres de tir, accumulé fautes de goût et fautes de carre.
                                   Hélas, cette fois encore, on ne peut donner quitus à un président de la République, encore plus bancal que normal qui, depuis le 6 octobre 2016, n’a pas trouvé un moment, entre un match de foot, une projection privée et un voyage exotique, pour accourir au chevet du courageux fonctionnaire de police  qui a failli périr, brûlé vif, dans le guet-apens que lui avait tendu, à Viry-Chatillon, une bande de voyous dont l’équipée sauvage, par chance, n’a pas entraîné la mort qu’ils avaient l’intention de lui donner.
                                   Deux poids, deux mesures. Faudrait-il en conclure qu’aux yeux du chef de l’Etat, le geste  aberrant du policier d’Aulnay-sous-bois serait emblématique du comportement ordinaire de la police et qu’en revanche l’agression de la Grande-Borne serait un fait-divers  isolé, sans gravité et sans signification ? Peut-on à ce point être  à ce point déconnecté de la réalité ? Peut-on à ce point méconnaître les devoirs de sa charge ? Peut-on à ce point ignorer et mépriser la discipline, le courage, l’abnégation, le dévouement exemplaires dont font preuve jour après jour, nuit après nuit, en première ligne sur le front brûlant de la société, des dizaines de milliers de gardiens de la paix civile et sociale, gendarmes, policiers, pompiers, injuriés, insultés, menacés, attaqués, caillassés, blessés, dans l’accomplissement de tâches  aussi difficiles qu’indispensables? Peut-on à ce point sous-estimer et nier le contexte de haine et le climat d’impunité dans lequel baignent, grandissent et s’épanouissent la délinquance et le crime, dans  ce pays, notre France, en ce début du XXIe siècle ?
                                   On a vu une fois encore, bons esprits et belles âmes, intellectuels des beaux quartiers, si généreux en  nobles paroles, artistes fortunés, si prodigues en générosité verbale, chercher, trouver et avancer mille circonstances atténuantes au déferlement de violences qui, comme il est désormais de règle, se sont répandues comme une traînée de poudre, de cité en cité, de banlieue en banlieue, à la suite de la faute commise par un seul homme, dans la nuit d’Aulnay-sous-bois. En quoi ces maisons de la culture saccagées, ces gares vandalisées, ces poubelles brûlées, ces centaines de voitures incendiées constitueraient-elles une réponse appropriée à l’injustice dénoncée dans une affaire qui n’est encore ni totalement élucidée ni, moins encore, jugée ? Mais au-delà, quelle est cette conception déformée, pour ne pas dire déviante, de la société où les défenseurs de l’ordre et les fauteurs du désordre, où ceux sans qui la vie ne serait pas possible et ceux qui font de leur mieux pour nous la gâcher sont mis sur le même pied, renvoyés dos à dos, traités comme deux équipes rivales auxquelles tous les coups seraient également permis ou également interdits ? Comment en sommes-nous arrivés là, comment un nombre sans cesse grandissant de dupes ou de complices en sont-ils venus à nourrir puis à afficher une tendresse de moins en moins dissimulée pour les lascars à cagoule et à capuche et à clamer que « tout le monde déteste la police » ?
                                   Au-delà d’un incident de plus, d’un incident de trop, voyons les choses d’un peu plus haut, et regardons la vérité en face. La vérité est que, depuis des décennies, depuis les incidents précurseurs de Vaux-en-Velin et des Minguettes, depuis les émeutes de 2005, les dirigeants qui se sont succédé à la tête de l’Etat, de droite comme de gauche, n’ont rien fait pour reprendre la main et le contrôle sur des territoires et des générations abandonnés  par la République, sur des  zones de non-droit soumises à la seule loi des hors-la-loi en tous genres, qu’ils ont été incapables d’assurer aux uns – la population et notamment la jeunesse des cités – des conditions décentes de vie, de logement, de transport, d’éducation, d’association au reste de la société, et de fournir aux autres – la police, les divers services publics, - les moyens, la protection, le soutien sans lesquels ils ne peuvent faire face à leurs obligations.
                                   Le constat, à la lumière de l’actualité la plus récente, est accablant. Au sommet de l’Etat, à la tête du gouvernement, à la direction du maintien de l’ordre, président, ministres, hauts fonctionnaires ne sont plus que  les  témoins déboussolés et impuissants d’une situation qui les dépasse,  les spectateurs  tétanisés et terrorisés de ce jeu vidéo pour de vrai qui oppose policiers et racailles, ne sachant pas plus encourager, féliciter, honorer les premiers que se faire respecter par les seconds, craignant aussi bien de sanctionner sans indulgence les fautes des uns que de réprimer sans faiblesse  les débordement des autres. Les divers titulaires de ce que l’on appelle par habitude les pouvoirs publics, démissionnaires de fait, usurpent une autorité qu’ils sont incapables d’incarner. Les vrais coupables, ce sont eux.  Il n’est que temps que cela change.    

dimanche 12 février 2017

JAMET LE DIMANCHE !

Dimanche 12 fév 2017

Ils sont forts ces roumains !

Dominique Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également journaliste depuis... toujours tient chaque semaine sur le site de Debout la France une chronique où il commente très librement l'actualité politique.                  
Un ancien Premier ministre –tiens tiens ! – cinq ministres, seize députés, cinq sénateurs, quinze présidents ou vice-présidents de conseils départementaux, quatre-vingt-dix-sept maires ou maires adjoints, trente-deux directeurs de compagnies publiques, des centaines d’élus locaux, poursuivis, arrêtés, incarcérés, condamnés, pour détournement de fonds publics, fraude fiscale, blanchiment d’argent sale, tel est le bilan pour la seule année 2015.
A l’aune de ces chiffres impressionnants, certains prendront conscience de  l’ampleur du mal et des ravages de la corruption, cette gangrène  qui touche les milieux dirigeants,  contamine la classe, ou faut-il dire la caste politique et, de proche en proche, infiltre,  démoralise  et pourrit l’ensemble de la société, et ils s’en affligeront ou s’en affoleront. D’autres, optimistes, prendront la mesure de l’intensité et des résultats spectaculaires de la lutte engagée  depuis peu contre les coupables, si haut placés qu’ils soient, de ces malversations, de ces délits, de ces atteintes à la probité et, de proche en proche, à l’intérêt, à la cohésion  et au moral de la nation. Ceux-là se réjouiront et verront dans le nouveau cours de la justice une raison de ne pas désespérer de l’homme et de l’avenir.
Rien de tout cela, à vrai dire, n’aurait été possible si l’un des plus hauts magistrats du pays, le procureur en charge du Parquet national  anticorruption, et si le chef de l’Etat lui-même  n’avaient conjugué leurs efforts pour lutter contre le crime en col blanc et le terrasser. La première, Laura Codruta Kövesi, protégée par le statut qui garantit son indépendance, n’a pas hésité à poursuivre le frère de l’ancien président de la République ou à mettre en examen l’ancien Premier ministre qui l’avait pourtant nommée à son poste. Le second, Klaus Johannis, un protestant austère,  issu de la minorité allemande de Transylvanie, a refusé de confier la direction du gouvernement à ce même ancien Premier ministre ou à son successeur, chef du Parti social-démocrate  majoritaire, mais condamné pour fraude électorale et poursuivi pour détournement d’argent public. Rien, surtout, n’aurait été acquis sans  le soutien massif, sans la mobilisation sans précédent, sans les gigantesques manifestations, contre les fraudeurs, les voleurs, les pourris, du peuple tout entier. Du peuple roumain.
Car tout cela,  -qu’est-ce que vous alliez croire ? - ne s’est pas passé sur les bords de la Seine, à Paris, en France, mais sur les rives du Danube, à Bucarest, en Roumanie. Et ce ne sera pas trop du Danube pour nettoyer les écuries des modernes Augias.
Dieu sait en effet si la corruption, héritée entre autres de quatre siècles de domination ottomane, semblait indélébilement inscrite dans les gènes de nos amis roumains. Dieu sait si, depuis la chute dramatique du couple Ceaucescu, ce cancer semblait avoir métastasé une société qui cumulait les lourdeurs, les vices et les perversions de la bureaucratie communiste et les débordements de toutes sortes d’un libéralisme incontrôlé. Du reste, si, dix ans après l’adhésion de leur pays  à l’Union européenne, plus d’un million de Roumains – 5% de la population, un actif sur dix – en grande partie les plus jeunes, les plus dynamiques, les plus diplômés, ont quitté la terre natale pour gagner l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, ce n’est pas seulement pour y trouver un emploi, de meilleurs niveaux de vie et de salaire, mais aussi pour échapper à un monde étouffant et méphitique de passe-droits, de privilèges, de combines, de copinages, de pots-de-vin, de dessous de table, pour respirer ailleurs un air plus pur.
Dieu – et le diable - savent aussi que les défenseurs et les profiteurs du « système », aussi accrochés à leurs prébendes que jadis, nous dit-on, la vérole au bas-clergé, ont tout fait  pour rester les maîtres du jeu. Il a fallu la démonstration de force, pacifique mais résolue, de manifestants descendus par millions dans la rue, pour faire capoter  la misérable astuce de l’actuelle majorité social-démocrate visant à adapter le seuil des poursuites judiciaires au montant des détournements reprochés à son chef. Il devrait en être de même, dans les mêmes conditions, d’une ultime manœuvre du même acabit.  
Candidat à l’élection présidentielle française, Nicolas Dupont-Aignan, nous le savons, mais les Français sont encore trop nombreux à l’ignorer, entend déclarer inéligibles à vie les hommes politiques condamnés pour corruption. Imaginez un Parlement où ne seraient plus admis à siéger, citons  au  hasard Jean-Noël Guérini, Claude Guéant, Sylvie Andrieu, Maryse Joissains, Patrick Balkany, Jean-Christophe Cambadélis, Serge Dassault… et   quelques autres. La force et le prestige de la démocratie représentative en seraient-ils diminués ?
Nous en sommes encore loin. On regrette de devoir le dire, mais la France, depuis des années, s’est trop longtemps dispensée de faire le ménage dans les recoins obscurs de sa vie politique, là où se cachent les loups, les araignées et les cloportes. La France, qui si longtemps, a fait la leçon au monde, est désormais montrée du doigt, à juste titre, dans ces pays proches du nôtre où une vie privée irréprochable est exigée de ceux qui aspirent à mener une carrière publique. L’exemple, aujourd’hui, nous vient d’où on ne l’attendait pas. Est-ce trop demander à la France que d’être  aussi propre que la Roumanie ?

Lu dans Est Républicain du 12/02/2017


dimanche 5 février 2017

Collage  dans la 6ème circonscription avec Nathalie REPUSSEAU. Quelques photos...




JAMET LE DIMANCHE !


Dimanche 05 fév 2017

Jamet le dimanche ! - UN PLAN D

Jamet le dimanche ! - UN PLAN D
Dominique Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également journaliste depuis... toujours tient chaque semaine sur le site de Debout la France une chronique où il commente très librement l'actualité politique.
 
Au cœur de la tourmente, gardons  le sens des proportions. L’affaire Fillon (1), ce n’est pas le scandale de Panama, ce n’est pas l’affaire Stavisky, ce n’est même pas, et tant mieux pour l’intéressé, l’affaire Cahuzac. A priori, l’enquête ouverte contre l’ancien Premier ministre ne vise que la réalité des emplois tenus tant par son épouse que par ses enfants, à hauteur d’environ un million d’euros, et financés pour l’essentiel par de l’argent public, pour partie par un ami généreux et fortuné. Si ces emplois s’avèrent fictifs, il s’agit d’un délit prévu et réprimé par la loi. Le Parquet national financier, qui s’est saisi du dossier, devrait trancher dans les meilleurs délais, et dire s’il y a lieu ou non de poursuivre. Nous n’avons pas à préjuger de sa décision.
 
Qui a fourni au Canard enchaîné les informations qui ont déclenché le séisme où un homme et sa réputation sont en passe de s’engloutir ? Assurément une ou des personnes qui ne voulaient pas de bien à François Fillon. Le coup est-il venu de la gauche, de son propre camp ou d’ailleurs ? S’agit-il d’une vengeance personnelle, d’une manœuvre politique, d’un mélange des deux ? Pourquoi avoir choisi ce moment ? Parce qu’il était favorable.  En toute hypothèse, les résultats ont comblé et peut-être même dépassé les espérances des délateurs masqués. Aucune piste, comme on dit dans la police, n’est à écarter. Au demeurant, l’essentiel n’est pas là. L’important, en l’occurrence, n’est pas l’identité des messagers, mais bien le contenu du message, et celui-ci est parfaitement clair.
 
Après avoir dans un premier temps traité le sujet par le mépris et évoqué les classiques « boules puantes » qui viennent empoisonner les campagnes électorales, François Fillon a changé de registre, et n’a pas hésité à parler de « coup d’Etat institutionnel », ce qui est parfaitement dépourvu de sens, puis à dénoncer, notamment par le biais d’un tract tiré à quatre millions d’exemplaires, les ténébreuses « officines » et la « chasse à l’homme »  dont il serait l’innocente victime.
On comprend que M. Fillon, harcelé, surmené, déstabilisé, discrédité, et surtout voyant, comme d’autres avant lui, se dérober  contre toute attente le but qui semblait à portée de sa main, ait perdu son légendaire sang-froid. Pour autant, nous n’avons aucune raison de le suivre dans ce qui ressemble à une tentative désespérée de fuite en avant. Nous ne confondrons pas comme lui le bûcher de ses illusions perdues avec la fin d’un monde qui semble devoir continuer à tourner, sans lui.
Il est on ne peut plus normal qu’avant de déléguer pour cinq ans la direction de notre pays  à un homme, les électeurs, qui sont d’abord des citoyens, aspirent à savoir, au-delà des discours, des programmes et des promesses, qui est réellement et ce que vaut vraiment cet homme. La nature de la fonction, l’ampleur des pouvoirs et des responsabilités qu’elle confère à son titulaire justifient entièrement une telle exigence. Il est non seulement normal, mais sain, quelles que puissent être les arrière-pensées des uns ou des autres, adversaires déclarés ou faux amis,  que les médias se fassent l’écho des informations qu’ils détiennent, sans céder aux pressions ou s’arrêter aux dégâts que peuvent faire leur révélations. Nul n’est contraint de se porter candidat à la présidence de la République française. Si on ose cette ambition, il vaut mieux en peser les risques et en accepter les conséquences.
Ce qui résulte de cette semaine apparemment fatale aux espérances de M. Fillon, c’est qu’il ne correspondait pas exactement à l’image qu’il avait su donner de lui-même. Le manteau de probité candide d’intégrité, de sincérité dont se revêtait celui que la presse allemande appelait « M. Sobre » et qu’elle a rebaptisé « M. Filou » dissimulait un personnage moins respectable qu’on l’avait cru. Partisan de la rigueur pour tous, il ne se l’appliquait pas à lui-même. L’austérité, c’était pour les autres. De jour en jour, il est apparu que son rapport à l’argent, argent public, argent privé, que son rapport à la vérité, que son rapport à la réalité étaient plus obscurs et plus compliqués qu’il ne sied à un homme qui se présentait comme irréprochable, voire comme exemplaire.
L’origine et le montant cumulé des diverses sources de revenus dont a bénéficié M. Fillon, le sentiment qu’il donne de ne même pas comprendre ce que son comportement et ses dissimulations pouvaient avoir de choquant, ont tracé peu à peu de l’ex-favori de la compétition présidentielle un portrait de plus en plus ressemblant à ce dont les Français ne veulent plus et qu’il avait réussi à faire oublier, un concentré ce que les peuples reprochent à leurs élus et à leurs élites, un représentant typique de l’entre-soi, de la déconnection d’avec la vraie vie, des privilèges de la caste que constituent les professionnels de la politique,  un symbole de ce système dont, partie prenante depuis trente ans, il se disait l’ennemi, et de cette zone grise où les convictions se diluent dans la corruption molle des compromis, des accommodements, des démissions de toutes sortes.
Ce qui est grave dans cette pitoyable affaire est qu’elle ne discrédite pas seulement M. Fillon mais qu’elle porte une atteinte de plus, au-delà de sa personne, à son propre parti, à son camp, à la démocratie. Les dégâts, en ce qui le concerne, semblent irréversibles. Juridiquement préservé par la présomption d’innocence, M. Fillon est devenu politiquement et moralement inéligible.
Au fait, puisqu’après vingt ans de pouvoir, cinq ans d’opposition et deux tours de primaire la droite républicaine  n’est toujours pas parvenue à repérer et à proposer au suffrage universel un candidat à la fois expérimenté, intègre, courageux et plus soucieux de l’interêt national que de ses intérêts propres, signalons aux Républicains et aux orphelins de M. Fillon qu’il existe un plan de substitution à leur plan B défaillant, un bon plan, un plan D… comme Dupont-Aignan.
  1. Que nos médias anglopathes préfèrent appeler « Penelopegate ». Pourquoi se gêner quand la devise officielle choisie pour présenter la candidature de Paris aux J.O. de 2024 n’est plus le traditionnel « Fluctuat nec mergitur » mais  le très chic « Made for sharing » ?