
"Soyons fermes, purs et fidèles ; au bout de nos peines, il y a la plus grande gloire du monde, celle des hommes qui n'ont pas cédé." Charles de Gaulle.
vendredi 31 mars 2017
mardi 28 mars 2017
samedi 25 mars 2017
dimanche 19 mars 2017
JAMET LE DIMANCHE !
Dimanche
19
mar 2017
Jamet le dimanche ! Parole, paroles
Dominique
Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également
journaliste depuis... toujours tient chaque semaine sur le site de
Debout la France une chronique où il commente très librement l’actualité
politique.
A la belle époque où l’on enseignait
encore les humanités, au temps, lointain et révolu, où les professeurs
tiraient de l’histoire des hommes illustres, à l’usage de leurs élèves,
des leçons de conduite et des devoirs de morale, aucun collégien, fût-il
le dernier des cancres, n’était censé ignorer le nom et les hauts
faits de Cincinnatus et de Regulus.
Cincinnatus – saint Cinnatus ? – était
cet homme d’Etat et général romain qui, à deux reprises, avait été tiré
de sa retraite par ses concitoyens pour exercer une dictature
temporaire. A deux reprises, il avait sauvé sa patrie en danger, à deux
reprises, le péril passé, il avait quitté le pouvoir, comme convenu,
pour retourner à ses champs et à sa charrue.
Le consul Regulus, quant à lui, avait
été capturé par les Carthaginois. Il accepta d’aller à Rome y porter
leurs propositions de paix, étant entendu, si celles-ci étaient
repoussées, qu’il reviendrait se mettre à la disposition de ses
geôliers. De fait, le Sénat refusa d’engager la moindre négociation. Ses
amis, sa famille adjuraient Regulus de ne pas honorer une promesse
faite sous la contrainte. Connaissant la mauvaise foi punique, il y
avait toutes les chances que Carthage lui fît payer son échec au prix
fort. Regulus se contenta de répondre aux uns et aux autres qu’il avait
donné sa parole. Il retraversa la mer et dès son arrivée, comme il s’y
attendait, fut mis à mort.
Nourri de culture classique et de
l’exemple des grands hommes, le général de Gaulle connaissait le poids
des mots et la force des serments. Le 25 avril 1969, avant-veille du
referendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat, qu’il savait
déjà perdu, il adressa ce dernier message aux Français : « Si je suis
désavoué par une majorité d’entre vous, je cesserai aussitôt d’exercer
mes fonctions. » Le 27 avril, 52,41% des votants se prononcèrent pour le
« non ». Le 28 avril au matin, un communiqué fut émis de
Colombey-les-deux églises : « Je cesse d’exercer mes fonctions de
président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à
midi. »
« Imagine-t-on le général de Gaulle mis
en examen ? » Même en 2017, la Roche tarpéïenne est toujours aussi
proche du Capitole. Au moment où il décochait ces deux flèches
empoisonnées en direction de ses deux principaux rivaux, Alain Juppé,
jadis condamné et Nicolas Sarkozy toujours poursuivi par la justice,
François Fillon n’imaginait pas qu’elles lui reviendraient en boomerang,
et pas davantage qu’en pleine euphorie, largement vainqueur de la
primaire, leader indiscuté de la droite, virtuellement président de la
République jusqu’en 2022, il serait à son tour rattrapé par son passé et
sommé de répondre à la convocation de ses juges.
C’est alors, on le sait, qu’il commit
la double faute qu’il n’a pas fini de payer, d’abord en déclarant que
s’il était mis en examen il retirerait évidemment sa candidature,
ensuite en déclarant que, bien que mis en examen, il maintenait
naturellement celle-ci.
De leur côté, les concurrents de la
primaire de la gauche, s’étaient publiquement engagés, à l’issue de la
compétition loyale qui les opposait, à soutenir celui d’entre eux qui en
sortirait vainqueur. Les choses n’ayant pas tourné comme il l’espérait,
on a pu constater que le grand perdant du match, lui aussi ancien
Premier ministre, ne se considérait pas comme lié par le contrat qu’il
avait signé, dès lors que ce contrat ne lui profitait pas. Or,si nul
n’est obligé de prendre des engagements, tout engagement nous oblige.
Les insensés ! On pourrait se contenter
de rire sans indulgence et sans retenue du spectacle que donnent des
gens qui scient la branche sur laquelle ils sont assis, et les regarder
qui tombent dans le décri universel. Le problème, malheureusement, n’est
pas seulement le leur. Ce n’est pas seulement leur personne, leur
loyauté, leur moralité qui sortent en lambeaux de tels comportements et
de tels reniements. Arroseurs arrosés, fossoyeurs enterrés, ils
discréditent et salissent dans l’esprit de tous les Français, les mœurs
politiques, la classe politique, la confiance dans la démocratie, la
République elle-même.
Parole, paroles… Les politiques, de
tout temps, se sont toujours répartis entre deux espèces. Il y a ceux
qui n’ont qu’une parole, et s’y tiennent. Il y a ceux qui en ont, en
gros, en détail et en solde,pour tous les publics, pour toutes les saisons, pour toutes les occasions, et les sèment à tout vent, qui les emporte.
dimanche 12 mars 2017
JAMET LE DIMANCHE !
Dimanche
12
mar 2017
Jamet le dimanche ! - David et Goliath
Jamet le dimanche !
DAVID ET GOLIATH
Egalité : ce mot, ce beau mot figure depuis les origines au nombre des
trois valeurs essentielles qui fondent notre République. Il est inscrit
dans notre droit constitutionnel, il brille au fronton de nos bâtiments
publics, écoles, mairies ou ministères. Il s’en faut pourtant que la
pratique soit toujours conforme à la théorie, que ce soit dans le
domaine économique et social, que ce soit ailleurs. La distance est
parfois minime, mais trop souvent considérable, qui sépare l’égalité de
droit et l’inégalité dans les faits, et je n’en veux pour preuve que les
conditions, de plus en plus contestables dans lesquelles est organisée
l’élection présidentielle, dont chacun s’accorde à reconnaître depuis
1965 qu’elle est un moment fort de notre vie politique et le pilier de
nos institutions.
Le principe de la réforme voulue par le général de
Gaulle et entérinée par le referendum est pourtant on ne peut plus
simple. Tout citoyen français en possession de ses droits civiques, sans
distinction de sexe, d’âge, d’origine, de confession ou d’opinion, est
habilité à se porter candidat à cette élection. Mais le diable, on le
sait, se niche dans les détails…
En soumettant la validité d’une candidature au
parrainage de cent élus, locaux ou nationaux, puis européens, le
législateur n’avait au départ d’autre souci et d’autre but que d’écarter
de la compétition les farfelus, les déséquilibrés et les mégalomanes
ou les commerçants en quête de publicité. En élevant ce seuil à cinq
cents patronages, on n’est pas toujours parvenu à décourager et à
éliminer les zozos. En revanche, il s’est avéré que la divulgation
aléatoire des noms de certains parrains puis, comme c’est désormais le
cas, la publication intégrale et immédiate de leur liste avait pour
effet d’intimider, d’effrayer et finalement de dissuader nombre d’élus
qui craignent à juste titre, hélas, la réprobation de leurs mandants et,
pire encore, les représailles des grands barons municipaux,
départementaux, régionaux et parisiens que l’on a laissé proliférer
sur nos « territoires ».
En tout état de cause, rien n’est plus facile aux «
grands candidats », affiliés à de « grands partis », que de réunir les
dits parrainages, d’un simple claquement de doigts, tandis que les
isolés, les indépendants, les novateurs, les dissidents, tous ceux qui
ne rentrent pas dans le rang, ont le plus grand mal à les obtenir et y
consacrent des mois, voire des années d’énergie et d’effort pour les
obtenir, quitte à échouer plus ou moins près du but. C’est ainsi qu’on
aura vu cette année des candidats à la candidature personnellement ou
idéologiquement qualifiés – je pense à des personnalités aussi diverses
qu’Henri Guaino, Rama Yade, Jean Lassalle, Philippe Poutou, Pierre
Larrouturou, voire l’amusant Alexandre Jardin, buter sur l’obstacle que
réussissaient paradoxalement à sauter MM. Asselineau ou Cheminade.
Ce barrage filtrant franchi, se posent de basses
questions matérielles, étrangement résolues. Alors qu’une réglementation
sévère et tatillonne -à l’opposé de ce qui se passe par exemple aux
Etats-Unis - limite les possibilités d’appel à la générosité des
donateurs et donc les budgets de campagne des « petits candidats », le
problème des formations installées et représentées, généreusement
financées par l’argent public, serait plutôt – comme on l’a vu notamment
en 2012 – de ne pas dépasser le plafond, pourtant largement calculé,
des dépenses autorisées.
Deuxième inégalité que complètent et qu’aggravent
les dispositions qui encadrent les temps de parole et d’antenne accordés
aux différents compétiteurs. Mis à part les quinze derniers jours
avant le scrutin, tardive concession au principe d’égalité, alors que la
presse écrite est libre d’assurer en toute partialité la couverture de
la campagne, les médias audiovisuels modulent l’accès à leurs micros, à
leurs studios, à leurs plateaux en fonction des résultats d’élections
passées et périmées, de sondages aussi peu fiables que naguère les
prévisions météorologiques. D’où une scandaleuse distorsion entre les
uns et les autres. Régulateur des ondes et institutionnellement garant
de la diversité et du pluralisme des opinions, condition sine qua non
d’une vie démocratique, le CSA laisse faire et se fait le spectateur
passif, très vaguement boudeur, d’une situation où les « grands
candidats » et leurs partis bénéficient d’une présence jusqu’à quarante
fois supérieure à celle de leurs concurrents moins heureux. Pire, si
rien ne vient remettre en cause les dispositions annoncées, les favoris
du moment auront tout loisir de faire connaître leur personne et leurs
idées, de discuter, de comparer, de débattre, ce qui serait interdit aux
« petits candidats » et ce qui introduit au passage une distinction
toute nouvelle entre « grands électeurs », associés au débat et « petits
électeurs » qui, avec leurs candidats, en sont exclus. Etrange système
qui favorise le fort, pénalise le faible et, sous le nom provocateur
d’équité, cautionne l’injustice, la discrimination et la triche.
Qu’en résultera-t-il ? L’histoire et la légende
ont immortalisé des combats inégaux où le bon, défiant tous les
pronostics, terrassait le méchant. L’un des plus fameux est bien
entendu celui qui opposa David et Goliath et vit, dit-on, un jeune et
frêle berger abattre le redoutable géant qu’il affrontait en duel. Mais
si le champion d’Israêl triompha du colosse philistin, c’est parce
qu’on lui ne lui avait pas retiré la possibilité d’utiliser sa fronde.
Inscription à :
Articles (Atom)