Dimanche
19
fév 2017
Jamet le dimanche ! LES VRAIS COUPABLES
Dominique Jamet, vice-président de Debout la
France depuis 2012 mais également journaliste depuis... toujours tient
chaque semaine sur le site de Debout la France une chronique où il
commente très librement l'actualité politique.
Signe de
compassion, message de sympathie, témoignage de solidarité, promesse
qu’il serait fait prompte et bonne justice d’un policier
brutal, apparemment indigne de l’uniforme qu’il porte et de la fonction
qu’il exerce… Oui, François Hollande était pleinement dans son rôle
lorsque, toutes affaires cessantes, il a rendu visite, l’autre jour, sur
son lit d’hôpital, au jeune Théo, victime, le 2 février dernier, d’un
geste inqualifiable, inexcusable et intolérable. On aimerait, pour une
fois, créditer d’un bon point, sans réserve et sans restriction, ce
sous-chef d’Etat dont le parcours, depuis cinq ans, ressemble à un
slalom géant où un skieur débutant aurait enfoncé indifféremment portes
ouvertes et fenêtres de tir, accumulé fautes de goût et fautes de carre.
Hélas, cette
fois encore, on ne peut donner quitus à un président de la République,
encore plus bancal que normal qui, depuis le 6 octobre 2016, n’a pas
trouvé un moment, entre un match de foot, une projection privée et un
voyage exotique, pour accourir au chevet du courageux fonctionnaire de
police qui a failli périr, brûlé vif, dans le guet-apens que lui avait
tendu, à Viry-Chatillon, une bande de voyous dont l’équipée sauvage, par
chance, n’a pas entraîné la mort qu’ils avaient l’intention de lui
donner.
Deux poids,
deux mesures. Faudrait-il en conclure qu’aux yeux du chef de l’Etat, le
geste aberrant du policier d’Aulnay-sous-bois serait emblématique du
comportement ordinaire de la police et qu’en revanche l’agression de la
Grande-Borne serait un fait-divers isolé, sans gravité et sans
signification ? Peut-on à ce point être à ce point déconnecté de la
réalité ? Peut-on à ce point méconnaître les devoirs de sa charge ?
Peut-on à ce point ignorer et mépriser la discipline, le courage,
l’abnégation, le dévouement exemplaires dont font preuve jour après
jour, nuit après nuit, en première ligne sur le front brûlant de la
société, des dizaines de milliers de gardiens de la paix civile et
sociale, gendarmes, policiers, pompiers, injuriés, insultés, menacés,
attaqués, caillassés, blessés, dans l’accomplissement de tâches aussi
difficiles qu’indispensables? Peut-on à ce point sous-estimer et nier le
contexte de haine et le climat d’impunité dans lequel baignent,
grandissent et s’épanouissent la délinquance et le crime, dans ce pays,
notre France, en ce début du XXIe siècle ?
On a vu une
fois encore, bons esprits et belles âmes, intellectuels des beaux
quartiers, si généreux en nobles paroles, artistes fortunés, si
prodigues en générosité verbale, chercher, trouver et avancer mille
circonstances atténuantes au déferlement de violences qui, comme il est
désormais de règle, se sont répandues comme une traînée de poudre, de
cité en cité, de banlieue en banlieue, à la suite de la faute commise
par un seul homme, dans la nuit d’Aulnay-sous-bois. En quoi ces maisons
de la culture saccagées, ces gares vandalisées, ces poubelles brûlées,
ces centaines de voitures incendiées constitueraient-elles une réponse
appropriée à l’injustice dénoncée dans une affaire qui n’est encore ni
totalement élucidée ni, moins encore, jugée ? Mais au-delà, quelle est
cette conception déformée, pour ne pas dire déviante, de la société où
les défenseurs de l’ordre et les fauteurs du désordre, où ceux sans qui
la vie ne serait pas possible et ceux qui font de leur mieux pour nous
la gâcher sont mis sur le même pied, renvoyés dos à dos, traités comme
deux équipes rivales auxquelles tous les coups seraient également permis
ou également interdits ? Comment en sommes-nous arrivés là, comment un
nombre sans cesse grandissant de dupes ou de complices en sont-ils venus
à nourrir puis à afficher une tendresse de moins en moins dissimulée
pour les lascars à cagoule et à capuche et à clamer que « tout le
monde déteste la police » ?
Au-delà d’un
incident de plus, d’un incident de trop, voyons les choses d’un peu plus
haut, et regardons la vérité en face. La vérité est que, depuis des
décennies, depuis les incidents précurseurs de Vaux-en-Velin et des
Minguettes, depuis les émeutes de 2005, les dirigeants qui se sont
succédé à la tête de l’Etat, de droite comme de gauche, n’ont rien fait
pour reprendre la main et le contrôle sur des territoires et des
générations abandonnés par la République, sur des zones de non-droit
soumises à la seule loi des hors-la-loi en tous genres, qu’ils ont été
incapables d’assurer aux uns – la population et notamment la jeunesse
des cités – des conditions décentes de vie, de logement, de transport,
d’éducation, d’association au reste de la société, et de fournir aux
autres – la police, les divers services publics, - les moyens, la
protection, le soutien sans lesquels ils ne peuvent faire face à leurs
obligations.
Le constat, à
la lumière de l’actualité la plus récente, est accablant. Au sommet de
l’Etat, à la tête du gouvernement, à la direction du maintien de
l’ordre, président, ministres, hauts fonctionnaires ne sont plus
que les témoins déboussolés et impuissants d’une situation qui les
dépasse, les spectateurs tétanisés et terrorisés de ce jeu vidéo pour
de vrai qui oppose policiers et racailles, ne sachant pas plus
encourager, féliciter, honorer les premiers que se faire respecter par
les seconds, craignant aussi bien de sanctionner sans indulgence les
fautes des uns que de réprimer sans faiblesse les débordement des
autres. Les divers titulaires de ce que l’on appelle par habitude les
pouvoirs publics, démissionnaires de fait, usurpent une autorité qu’ils
sont incapables d’incarner. Les vrais coupables, ce sont eux. Il n’est
que temps que cela change.