LIBRES PROPOS D'UN ADHÉRENT DU FN 54 SUR LE MARIAGE POUR TOUS Mariage pour tous : entre enjeux électoralistes et hasardeuse réforme de civilisation. « J'ouvrirai le droit au mariage et à l'adoption aux couples homosexuels » : telle était la proposition 31 du candidat F Hollande. Inséré au chapitre intitulé : « je veux rétablir la justice », ce projet - devenu dans le débat public le « mariage pour tous », expression sans doute plus pudique - intervient 30 ans après la dépénalisation de l'homosexualité, et 39 ans après la décision de l'association américaine de psychiatrie de retirer l'homosexualité de la liste des maladies mentales (l'OMS suivra en 1990, et la Chine en 2001). 30 ans, c'est à la fois long et court. Long car les nouvelles générations n'ont pas connu l'époque où des pratiques qui concerneraient environ 5% de la population (masculine), étaient synonymes de honte absolue, et de répression. Court, car à l'échelle d'une civilisation, 30 ans, c'est si peu qu'on doit s'interroger s'il est loisible à quelques majorités successives - fussent-elles présidentielles - de modifier de façon radicale, et surtout si rapprochée, les règles si intimes du vivre-ensemble. Et lorsqu'un gouvernement nous explique que c'est à une « réforme de société et de civilisation » que nous assistons, on peut se demander où s'arrêtera le mouvement et quels avantages les homosexuels (mais aussi la société tout entière) ont à attendre d'une réforme poussée toujours plus loin, d'une civilisation qui avait fini par leur permettre de sortir des caves...Et si le risque existait qu'un changement accompli de civilisation les y renvoie ? Telle est la question sous-jacente et subsidiaire du développement qui suit. Les pôles du débat : entre libres penseurs et « obscurantistes »...
Une fois esquissé un projet qui présente l'avantage de donner le sentiment qu'on lutte contre les séquelles des stigmatisations ancestrales, commencent à se profiler les conséquences concrètes, notamment juridiques, du dispositif envisagé. Notamment, un couple fait de deux êtres de même sexe ne pouvant désormais comporter que des parents indistincts au regard de leur sexe, on les distinguera malgré tout par les appellations chiffrées de parent 1 et parent 2 (on pourrait même imaginer de les appeler : éprouvette 1, éprouvette 2 ?! La gauche : apprentie sorcière?). Puis, afin de ne pas faire de différence entre les types de couples, le code civil lui-même devra se plier à cette nouvelle appellation, se caler sur le plus petit commun dénominateur, et donc supprimer la référence aux père et mère ! Et donc, les couples hétérosexuels devront revoir la manière de se désigner, de façon à ne pas froisser une minorité qui affirmait pourtant vouloir les imiter – mais l'exercice a ses limites ! Ce processus fait penser à ces distributeurs automatiques de timbres installés dans les agences postales, désormais tous prévus pour les personnes de petite taille, ce qui oblige les gens de taille « normale » à se mettre à croupi pour récupérer leurs vignettes ! Le modèle traditionnel se trouve bel et bien dynamité. Les socialistes : talibans de la famille ? Des promesses faites en direction de minorités disparates : une tactique à visées électorales à courte vue... Le think tank Terra Nova l'avait recommandé (cf. article de Libération du 10 juin 2011) : dans une note intitulée «Gauche : quelle majorité électorale pour 2012 ?», cette fondation proposait au Parti socialiste une rupture stratégique majeure : renonçant aux suffrages du monde ouvrier - tenté par le « repli xénophobe » et le vote FN -, il devrait chercher à représenter ceux qui partagent les valeurs culturelles de la gauche : diplômés, jeunes, minorités ethniques, habitants de quartiers populaires, femmes, classes moyennes… Les dispositions en faveur du mariage gay s'inscrivent bien dans cette stratégie, au même titre que les promesses concernant le vote des étrangers. Les résultats obtenus par la gauche dans les grandes villes (notamment à Paris, dont le terreau sociologique est emblématique des calculs d'apothicaire menés par Terra Nova) semblent traduire le succès de cette stratégie. Reste à savoir si cette cette dernière fonctionne à plein au sein de toutes les minorités visées par la gauche. La comparaison des scores réalisés dans deux sous groupes dont la charge symbolique est forte, mais dont la dynamique démographique est appelée à connaître des courbes divergentes, à savoir les votes homosexuel et musulman (on considérera que la proportion de ceux qui relèvent des deux groupes est négligeable, statistiquement parlant), amène à tirer des conclusions plus que nuancées, méritant un début d'explication. Rue89Lyon.fr rendait compte, le 9 avril 2012, des résultats de la consultation organisée par le site Tetu.com (site gay, donc peu suspect de complaisance...) : Marine Le Pen y arrivait en seconde position avec 19% des voix. Le site d'Europe 1 (14 janvier 2012) rendait compte de ces résultats, tout en mentionnant des intentions de vote en faveur de la gauche à hauteur de 53%. Le même site citait les propos de Marie-Christine ARNAUTU (FN) qui, interrogée sur le score des intentions de vote des homosexuels en faveur de son parti, faisait le lien avec les nombreux courriers d'homosexuels qui vivent dans les banlieues. L'Express.fr du 26 janvier 2012 mentionnait une enquête de la SOFRES qui confirmait le chiffre de 20% des homosexuels tentés par le FN (étude présentée comme une première) tandis qu'au lendemain de la victoire de F Hollande, on apprenait que 93% des musulmans avaient voté pour François Hollande (cf. lavie.fr, 7 mai 2012). On relèvera au passage que selon le site du Huffingtonpost du 27 octobre 2011, les 600 000 Tunisiens de France avaient voté à hauteur de 32 à 35 % en faveur du parti islamiste Ennadha.,, L'écart de voix en faveur du PS selon le groupe est saisissant. Et si Terra Nova et le PS avaient oublié une chose : que tous les homos ne vivent pas confinés derrière les épais murs protecteurs du Marais, mais que beaucoup voient monter avec inquiétude dans les banlieues françaises, en effet, les signes d'une intolérance à leur encontre, souvent importée ? Certains homosexuels ne sont pas prêts à brader un héritage culturel qui a accouché d'une société de liberté. Mme ARNAUTU a vu juste ! Beaucoup d'homosexuels commencent à mesurer l'inconséquence d'une politique consistant dans le même temps à institutionnaliser les schémas les plus innovants en termes de choix de vie et d'orientation sexuelle, et à encourager par ailleurs des vagues migratoires qui non seulement sont susceptibles d'entraîner une substitution de modèle sociétal, mais aussi, d'entraîner une éradication des orientations sexuelles (mais pas seulement !) que la charia classerait comme déviants car « illicites ». Une façon en quelque sorte, pour ces populations, pour qui le mot de laïcité n'a pas de traduction dans leur propre langue, de « rétablir la justice », comme pensait le faire le candidat Hollande en s'attaquant aux conventions maritales. Dans ce contexte, tous les homosexuels ne sont pas disposés à cautionner comme un seul homme un projet bigarré qui mise sur un chapelet de réformes dont la juxtaposition ne répond à aucune vision d'ensemble de l'homme (une vision authentiquement humaniste), mais qui vise à satisfaire des intérêts catégoriels dont l'impact sociétal est inégal à moyen et long terme. Tous ne sont pas animés par la philosophie du « après moi, le déluge ». Faire croire que tous les homosexuels revendiquent une réforme du mariage (alors que, au passage, seule une minorité vit en couple), c'est faire croire qu'ils adoptent tous une attitude maximaliste (aux relents communautaristes) susceptible de se retourner contre eux, au cas où la majorité de la population, hétérosexuelle, finirait par trouver leurs revendications abusives. Pire : les considérer par essence comme favorables à la mise en place d'une nouvelle définition du mariage, c'est sous estimer leur jugement critique, et leur capacité à anticiper les effets pervers et contre-productifs à terme, d'une réforme parée en apparence des meilleures intentions. Il existe en effet des homosexuels suffisamment reconnaissants pour savoir ce qu'ils doivent à la laïcité dans l'avancée de leurs droits, mais aussi suffisamment instruits pour savoir que cet espace laïc précisément (dans lequel se sont déployées des matières aussi déterminantes pour la compréhension de leur « cause » qu'une science humaine comme la psychanalyse) n'existerait pas sans la distinction opérée par le christianisme - et le christianisme seul ! - entre les champs religieux et temporel. Paradoxe que l'attitude prétendant défendre l'espace laïc, décrit comme libérateur, tout en rendant hommage au christianisme, souvent présenté comme porteur de préceptes rigoristes ? Paradoxe apparent seulement, car la laïcité est bien une invention chrétienne. Imaginer que l'arrivée en masse de musulmans soit compatible avec la préservation de cet espace laïc, c'est méconnaître les principes d'une religion qui n'entend pas renoncer à ses prérogatives. Seul l'Evangile parle bien de rendre à César ce qui lui appartient... Imaginer, comme le font le PS et l'UMP, qu'on parviendra à instaurer un « islam français » est une vue de l'esprit. Le recteur de la mosquée de Paris lui-même, pourtant présenté comme « modéré », s'est exprimé sans ambiguïté sur le sujet : pas d'islam gallican ! Inciter les homosexuels à joindre leurs forces à l'effort consistant à ouvrir la porte à une nouvelle définition du mariage, c'est prendre le risque de les engager dans un processus susceptible, à terme, de déboucher sur l'instauration du mariage polygame. Quels arguments pourra t'on en effet opposer à une telle évolution, face à des revendications qui s'appuieront à la fois sur le principe sacralisé de non-discrimination, et sur une évolution démographique bien repérée par Terra Nova ? Que pèseront les 5% d'homos dans 20, 30, 50 ans dans un environnement où le principe laïc aura perdu de son aura – et pour cause ? 5% ! Que pèseront les 5 à 10% de musulmans actuels ? Dieu seul le sait ! De fait, le développement en France d'une société polygame ne serait pas nécessairement le signe infaillible d'une extension des libertés pour les homosexuels ! Voilà comment la mise en place d'un mariage pour tous (tiens !) peut en effet être interprétée comme le signe précurseur d'une « réforme de civilisation » - mais quelle réforme, et pour quelle civilisation ? Quel défilé ? La journée du 13 janvier verra se constituer des cortèges d'opposants à la réforme du mariage. Le nuancier des différents types de positionnements pourrait être décrit à grands traits de la façon suivante :
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"Soyons fermes, purs et fidèles ; au bout de nos peines, il y a la plus grande gloire du monde, celle des hommes qui n'ont pas cédé." Charles de Gaulle.