"Soyons fermes, purs et fidèles ; au bout de nos peines, il y a la plus grande gloire du monde, celle des hommes qui n'ont pas cédé." Charles de Gaulle.

dimanche 24 janvier 2016

JAMET LE DIMANCHE !

Jamet le dimanche !
Cette colère qui monte

Dominique Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également journaliste depuis... toujours tient chaque semaine sur le site de Debout la France une chronique où il commente très librement l'actualité politique.

Deux sentiments se partagent aujourd’hui l’esprit et le cœur des Français : la colère et la peur.

La colère, ou faut-il dire les colères ? Colère contre les abandons successifs qui ont aliéné la souveraineté de la France, en privant progressivement notre pays de la capacité de décider de son budget, de contrôler ses frontières, de protéger son industrie et son agriculture, de s’opposer aux empiètements, aux injonctions et aux traités qui vont contre l’intérêt national. Colère contre des dirigeants incapables, en tout cas impuissants à enrayer l’irrésistible ascension  du chômage de masse, à assurer le minimum syndical d’un gouvernement, sécurité de nos concitoyens, paix a intérieure et extérieure, a fortiori emploi,  logement, éducation,  progrès économique et social. Colère contre une classe politique que l’on croirait hors sol, tant elle est absorbée par ses petits jeux pervers, par ses querelles de personnes et de clans, tant elle est gangrenée par une insidieuse corruption, au point d’assister passivement à la transformation de nos métropoles et de leur périphérie en jungle, de  nos  petites villes et de nos campagnes en déserts. C’est cette classe politique qui porte la responsabilité historique des phénomènes de dégoût, de rejet, d’éloignement, de mise en cause des institutions et des partis par un comportement dont elle déplore hypocritement les conséquences alors qu’elle ne cesse d’en alimenter les causes.

La peur. La peur qui plane comme une ombre diffuse sur notre société. La peur qui est partout. Peur de la paupérisation. Peur de la modernité. Peur de la mondialisation. Peur pour notre indépendance politique et pour notre indépendance économique que menacent des institutions et des puissances supranationales. Peur pour notre façon de vivre, pour notre culture, notre civilisation. Peur de l’afflux d’une immigration où se diluerait notre identité. Peur du terrorisme djihadiste.

Jusqu’où montera cette colère ? Jusqu’où ira cette peur ? Notre peuple, instruit par sa propre histoire, fort d’une longue expérience de la démocratie, n’a jusqu’à présent pas cherché d’autre exutoire à ses frustrations, à ses mécontentements, à ses aspirations déçue que le recours aux urnes ou l’abstention, remède singulier qui perpétue le mal qu’il prétend combattre. Mais nous approchons de la fin d’un cycle. 

Les grands partis traditionnels et ceux qui les incarnent tentent désespérément de faire croire que c’est par eux que passerait encore la solution et qu’il faudrait donc nous résigner à subir alternativement leur accession au pouvoir, régulièrement suivie d’une déception à la hauteur de leurs promesses mensongères et des espérances chimériques qu’elles avaient fait naître. Leurs boniments, leur baratin ne prennent plus. L’état d’urgence, c’est dans tous les domaines qu’il s’impose, le changement, c’est dans les esprits qu’il se produit.  La prise de conscience, qui se fait chaque jour plus forte et plus vive de la dégradation accélérée de notre situation et de l’imminence des périls, se traduit désormais, fort logiquement, par la recomposition de notre paysage politique. Le point n’est plus de savoir qui, de la « gauche » ou de la « droite » l’emportera. La question est : par qui passera le renouvellement ? Qui canalisera la colère et la peur ?

Ce sont, dit la sagesse populaire, deux mauvaises conseillères. La tentation est grande, il serait vain de s’aveugler, d’aller à ceux qui, sans vergogne, exploitent ces deux sentiments pour les amplifier et en tirer profit. Les responsables de l’incendie étant identifiés et disqualifiés, est-il raisonnable de faire confiance à ceux qui jettent de l’huile sur  le feu et soufflent sur les braises ?

Comment, à Debout la France, ne comprendrions-nous pas, nous qui les partageons largement, les raisons qui ont amené tant de millions de Français à se retirer du jeu politique et tant d’autres à voter, ce qu’ils n’auraient jamais cru possible, pour le Front national ? Mais comment pourrions-nous approuver le choix par les premiers de l’inertie et de l’exil intérieur, le saut des autres dans l’inconnu, au motif qu’ils auraient tout essayé et que le pire n’est pas toujours sûr ?

Dans leur manie de l’étiquetage, dans leur routine de classement, les politologues professionnels ou amateurs ont toujours trouvé commode d’étiqueter et de ranger les partis politiques comme autant de pots de confiture ou de boîtes de petits pois. A en croire les médias et leurs graphiques, il y aurait donc lieu de classer Debout la France à droite, entre l’ex-UMP et le futur ex-Front national, Nicolas Dupont-Aignan quelque part entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. Nous serions-un parti-charnière,  susceptible de verser d’un côté ou de l’autre, de servir d’appoint à l’un ou à l’autre, d’être éventuellement l’articulation ou le trait d’union entre l’un et l’autre. Bref entre un des deux piliers du système, dont nous ne voulons plus, et un extrême dont ne nous voulons pas.

Nous avons fait justice de ce soupçon, ou de cette insinuation, lors du second tour des régionales.  Nous n’avons fait et ne ferons le jeu ni des uns ni des autres. Trop de choses nous séparent. Le choix fait par le parti jadis gaulliste du libéralisme absolu, du fédéralisme, de la soumission à Bruxelles, Francfort, Berlin et Washington n’est pas le nôtre. Les origines, la filiation, les incertitudes, les contradictions du Front national, ses dérives démagogiques et xénophobes ne sont pas notre fait. Nous mettons au premier plan de nos préoccupations la souveraineté et la sécurité mais aussi la solidarité, la générosité et l’intégrité. C’est la marque qui nous distingue. Au demeurant, nous n'avons pas plus vocation à être un paillasson sur lequel on s’essuierait les pieds qu’un marchepied, un escabeau ou une passerelle. Nous n’avons que faire des classifications anciennes. Nous ne sommes ni de droite ni de gauche, nous sommes ailleurs, nous sommes de France. Nous ramons peut-être, et souvent contre le courant, mais nous ne ramons pour personne.
                                                                                             
Dominique Jamet        
Vice-Président de Debout la France