Jamet
le dimanche !
Cette colère qui monte
Dominique Jamet,
vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également
journaliste depuis... toujours tient chaque semaine sur le site de
Debout la France une chronique où il commente très librement l'actualité politique.
Deux sentiments se partagent
aujourd’hui l’esprit et le cœur des Français : la colère et la peur.
La colère, ou faut-il dire
les colères ? Colère contre les abandons successifs qui ont aliéné la
souveraineté de la France, en privant progressivement notre pays de la capacité
de décider de son budget, de contrôler ses frontières, de protéger son
industrie et son agriculture, de s’opposer aux empiètements, aux injonctions et
aux traités qui vont contre l’intérêt national. Colère contre des dirigeants
incapables, en tout cas impuissants à enrayer l’irrésistible ascension du chômage de masse, à assurer le minimum
syndical d’un gouvernement, sécurité de nos concitoyens, paix a intérieure et
extérieure, a fortiori emploi, logement,
éducation, progrès économique et social.
Colère contre une classe politique que l’on croirait hors sol, tant elle est
absorbée par ses petits jeux pervers, par ses querelles de personnes et de
clans, tant elle est gangrenée par une insidieuse corruption, au point
d’assister passivement à la transformation de nos métropoles et de leur
périphérie en jungle, de nos petites villes et de nos campagnes en déserts.
C’est cette classe politique qui porte la responsabilité historique des
phénomènes de dégoût, de rejet, d’éloignement, de mise en cause des
institutions et des partis par un comportement dont elle déplore hypocritement
les conséquences alors qu’elle ne cesse d’en alimenter les causes.
La peur. La peur qui plane
comme une ombre diffuse sur notre société. La peur qui est partout. Peur de la
paupérisation. Peur de la modernité. Peur de la mondialisation. Peur pour notre
indépendance politique et pour notre indépendance économique que menacent des
institutions et des puissances supranationales. Peur pour notre façon de vivre,
pour notre culture, notre civilisation. Peur de l’afflux d’une immigration où
se diluerait notre identité. Peur du terrorisme djihadiste.
Jusqu’où montera cette colère ?
Jusqu’où ira cette peur ? Notre peuple, instruit par sa propre histoire,
fort d’une longue expérience de la démocratie, n’a jusqu’à présent pas cherché
d’autre exutoire à ses frustrations, à ses mécontentements, à ses aspirations
déçue que le recours aux urnes ou l’abstention, remède singulier qui perpétue
le mal qu’il prétend combattre. Mais nous approchons de la fin d’un cycle.
Les grands partis
traditionnels et ceux qui les incarnent tentent désespérément de faire croire
que c’est par eux que passerait encore la solution et qu’il faudrait donc nous
résigner à subir alternativement leur accession au pouvoir, régulièrement
suivie d’une déception à la hauteur de leurs promesses mensongères et des
espérances chimériques qu’elles avaient fait naître. Leurs boniments, leur
baratin ne prennent plus. L’état d’urgence, c’est dans tous les domaines qu’il
s’impose, le changement, c’est dans les esprits qu’il se produit. La prise de conscience, qui se fait chaque
jour plus forte et plus vive de la dégradation accélérée de notre situation et
de l’imminence des périls, se traduit désormais, fort logiquement, par la
recomposition de notre paysage politique. Le point n’est plus de savoir qui, de
la « gauche » ou de la « droite » l’emportera. La question
est : par qui passera le renouvellement ? Qui canalisera la colère et
la peur ?
Ce sont, dit la sagesse
populaire, deux mauvaises conseillères. La tentation est grande, il serait vain
de s’aveugler, d’aller à ceux qui, sans vergogne, exploitent ces deux sentiments
pour les amplifier et en tirer profit. Les responsables de l’incendie étant
identifiés et disqualifiés, est-il raisonnable de faire confiance à ceux qui
jettent de l’huile sur le feu et
soufflent sur les braises ?
Comment, à Debout la France,
ne comprendrions-nous pas, nous qui les partageons largement, les raisons qui
ont amené tant de millions de Français à se retirer du jeu politique et tant
d’autres à voter, ce qu’ils n’auraient jamais cru possible, pour le Front
national ? Mais comment pourrions-nous approuver le choix par les premiers
de l’inertie et de l’exil intérieur, le saut des autres dans l’inconnu, au
motif qu’ils auraient tout essayé et que le pire n’est pas toujours sûr ?
Dans leur manie de
l’étiquetage, dans leur routine de classement, les politologues professionnels
ou amateurs ont toujours trouvé commode d’étiqueter et de ranger les partis
politiques comme autant de pots de confiture ou de boîtes de petits pois. A en
croire les médias et leurs graphiques, il y aurait donc lieu de classer Debout
la France à droite, entre l’ex-UMP et le futur ex-Front national, Nicolas
Dupont-Aignan quelque part entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. Nous serions-un
parti-charnière, susceptible de verser
d’un côté ou de l’autre, de servir d’appoint à l’un ou à l’autre, d’être
éventuellement l’articulation ou le trait d’union entre l’un et l’autre. Bref
entre un des deux piliers du système, dont nous ne voulons plus, et un extrême
dont ne nous voulons pas.
Nous avons fait justice de ce
soupçon, ou de cette insinuation, lors du second tour des régionales. Nous n’avons fait et ne ferons le jeu ni des
uns ni des autres. Trop de choses nous séparent. Le choix fait par le parti
jadis gaulliste du libéralisme absolu, du fédéralisme, de la soumission à
Bruxelles, Francfort, Berlin et Washington n’est pas le nôtre. Les origines, la
filiation, les incertitudes, les contradictions du Front national, ses dérives
démagogiques et xénophobes ne sont pas notre fait. Nous mettons au premier plan
de nos préoccupations la souveraineté et la sécurité mais aussi la solidarité,
la générosité et l’intégrité. C’est la marque qui nous distingue. Au demeurant,
nous n'avons pas plus vocation à être un paillasson sur lequel on s’essuierait
les pieds qu’un marchepied, un escabeau ou une passerelle. Nous n’avons que
faire des classifications anciennes. Nous ne sommes ni de droite ni de gauche,
nous sommes ailleurs, nous sommes de France. Nous ramons peut-être, et souvent
contre le courant, mais nous ne ramons pour personne.
Dominique Jamet
Vice-Président de Debout la
France