Messieurs les Présidents, Chers Collègues,
Comme l’écrivait Jean RACINE dans les Plaideurs :
« Ma foi, sur l’avenir bien flou qui se fiera Tel qui rit vendredi, Dimanche pleurera »
Dans
un débat d’orientation budgétaire on se projette dans l’avenir, mais l’avenir
il est sombre dans le ciel de Lorraine
ou s’amoncellent les nuages du chômage dans un contexte national et
international marqué par une grave crise économique et sociale.
Les
objectifs stratégiques et orientations 2013, peu ambitieux au regard de la
gravité de la situation en Lorraine sont en total décalage avec les
préoccupations concrètes et immédiates des Lorraines et des Lorrains.
Ils
nous conduisent au triste constat suivant : l’exécutif régional continue
d’examiner les problèmes de nos concitoyens par le petit bout de la lorgnette.
En
effet, reprenons les principaux axes définis.
D’abord la mutation
de l’économie Lorraine.
Certes,
la volonté de développer la recherche dans les technologies de pointe est
louable, mais cela ne concerne que des marchés « de niche » et ne
permettra pas de solutionner à court ou moyen terme le problème du chômage dans
notre région.
De
plus pourquoi faire table rase des activités traditionnelles en coupant
arbitrairement l’économie du 21ème de celle des siècles
précédents ?
L’être
humain du 3ème millénaire continue à porter des chaussures, sa
bouche ne s’est pas transformée en trompe, les nids de poule sur les routes
posent toujours des problèmes et la téléportation n’est pas pour demain……
Dans
le même ordre d’idées, pourquoi retenir arbitrairement seulement 12 filières et
activités pour définir l’économie lorraine du XXIème siècle ?
En
réalité, il faut explorer tous les domaines, sans exception, avec pour objectif
de recréer des emplois à court terme et de permettre à chacun de s’épanouir
professionnellement, grâce à la diversité des métiers proposés. Enfin
l’économie sociale et solidaire n’a-t-elle pas vocation à vampiriser l’économie
« normale », en pratiquant une concurrence déloyale, comme par
exemple les C.A.T ?
Ensuite , le
développement durable et la transition énergétique.
A
nouveau, ces thématiques concernent le moyen et long terme et ne permettent pas
de répondre aux besoins énergétiques d’aujourd’hui, compte tenu de l’état
actuel des connaissances scientifiques : par exemple le schéma régional
éolien prévoit que la Lorraine dispose d’une puissance installée de 1500 MW en
2020, soit l’équivalent d’un réacteur nucléaire.
Or,
pour atteindre cet objectif, il faudra installer plus de 1000 éoliennes qui
défigureront les paysages lorrains et qui devront être relayées par des
centrales à charbon, dès que le vent sera trop faible ou trop fort,
c’est-à-dire la majeure partie du temps.
Ce
n’est pas réaliste et bien trop
coûteux !
De
plus, alors que la France a considérablement réduit ses émissions de gaz à
effet de serre ces dernières décennies, le véritable enjeu écologique du XXIème
siècle est la régulation de la population mondiale.
En
effet, les restrictions imposées au niveau européen en matière de consommation
d’énergie ne serviront à rien, sinon à accélérer encore davantage la récession
dans notre pays, si la population mondiale continue d’augmenter au rythme
actuel.
Enfin, renforcer la dynamique des
territoires
Cette
orientation est la plus floue et la plus contestable du DOB.
Les
axes de développement proposés le sont de manière totalement arbitraire, sans
aucun lien avec l’histoire ou la géographie de notre région : quand, par
exemple page 33 paragraphe 2, on lit « le cœur métropolitain Metz-Nancy
Lorraine est un espace géostratégique majeur, porte d’entrée de la région vers
son espace métropolitain nord-sud et vecteur d’un développement
ouest-est », il y a de quoi attraper le tournis : auriez-vous perdu
la boussole, monsieur le Président ?
En
réalité votre conception de la dynamique des territoires consiste à accélérer
une urbanisation déjà galopante, avec comme seule ambition « l’inscription
de la Lorraine dans l’espace de la Grande
Région, par la mise en place d’une région métropolitaine polycentrique
transfrontalière » (page 34 paragraphe 3).
Ceci
ne fera qu’ajouter des strates supplémentaires aux mille-feuilles des intercommunalités dont vous êtes si
friand et dont nos concitoyens font une indigestion :
En
effet, alors que l’exécutif s’éloigne de plus en plus de leurs problèmes de
tous les jours, ils voient les budgets de fonctionnement de ces conurbations
exploser.
Pour
le groupe FN, le développement de la Lorraine passe par un maillage serré de
l’ensemble de son territoire de façon à permettre un développement de proximité :
à quoi bon, par exemple, densifier le réseau TER, si c’est pour ne plus
desservir les gares intermédiaires, comme c’est le cas actuellement ?
Les
régions devraient jouer demain un rôle de pivot central du développement
économique mais si l’on ne sort pas de ce système européen ultra-libéral, la
croissance, l’emploi, la défense des services publics ne seront que des
promesses sans lendemain.
En
conclusion, nous émettons toutes les réserves sur ce DOB 2013, sans ambition,
sans projet concret de court terme de nature à répondre aux réels besoins des
Lorraines et des Lorrains.
J’avais
commencé mon propos par Racine et je terminerai par Balzac en espérant que ce
débat d’orientation budgétaire ne soit pas celui des « illusions
perdues » et malgré un avenir qui
s’annonce encore difficile, je souhaite néanmoins aux Lorraines et aux Lorrains
une belle et heureuse année 2013.
Je
vous remercie.