Dimanche
13
mar 2016
Jamet le dimanche ! France, où est ta démocratie ?
Dominique
Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également
journaliste depuis... toujours tient chaque semaine sur le site de
Debout la France une chronique où il commente très librement l'actualité
politique.
Le 23 juin prochain, les électeurs britanniques
diront s’ils se satisfont des nouvelles dérogations au droit commun de
l’Union européenne, négociées par David Cameron, qui distendront encore
les liens déjà très lâches entre le royaume et le continent, ou s’ils
préfèrent décidément couper les amarres, mettre le cap sur le grand
large, autrement dit recouvrer leur entière liberté de manœuvre et de
navigation.
L’issue de ce referendum est encore incertaine.
Le Premier ministre, les conservateurs qui le suivront et la majorité
des travaillistes reculeront à l’idée de revenir au traditionnel et
splendide isolement qui fut longtemps la marque et fit la grandeur
d’Albion. Nos amis de l’UKIP, une bonne partie des « tories » et nombre
d’électeurs de gauche opteront pour le « Brexit », c’est-à-dire la
rupture des liens institutionnels avec Bruxelles, ce qui n’empêchera
nullement les relations diplomatiques, militaires, commerciales,
industrielles et affectives de perdurer et de se développer sur une base
bilatérale. Il y aura même des irresponsables, des inciviques, des
inconscients – puisque le vote n’est pas obligatoire outre-Manche – qui
choisiront en toute liberté de bouder le scrutin et de laisser leur
propre histoire s’écrire sans eux.
Un point capital, en revanche, est d’ores et
déjà acquis. Quel que soit le résultat du referendum, celui-ci prendra
force de loi et le gouvernement de Sa Majesté, quel qu’en soit le
titulaire, en tirera toutes les conséquences. Heureuse Angleterre, mère
des Parlements et de la démocratie ! Nous ne pouvons hélas en dire
autant de ce côté de la Manche, où nous traînons depuis onze ans déjà le
souvenir du referendum de 2005, et de l’insulte au suffrage universel
et à la souveraineté du peuple qu’a constitué, partagé entre la droite
et la gauche, le refus de s’incliner devant le « non » si nettement
exprimé de l’inféodation de notre pays à Bruxelles, à Francfort et à
Berlin. Ce déni de justice politique est une blessure ouverte, toujours
béante, et jamais cicatrisée, au flanc de notre démocratie. Il n’est pas
pour rien dans la séparation de corps et d’âme qui n’a cessé de
s’élargir entre la nation et sa représentation.
J’entendais l’autre jour, lors du colloque,
précisément consacré à l’idée de nation, qui s’est tenu en Sorbonne à
l’initiative de nos amis Henri Temple et Eric Anceau, un éminent
professeur de droit constitutionnel, M. Olivier Gohin, déduire de la
fréquence de nos consultations électorales la vitalité de notre système
politique. A s’en tenir aux apparences, l’analyse est irréprochable.
Elle n’en est pas moins d’un optimisme que ne justifie pas la réalité.
De quoi servent en effet des élections si, sous tous les prétextes et
par le biais de divers subterfuges, on ne tient pas compte de leurs
résultats ? La pratique du referendum où le général de Gaulle, conscient
de la nécessité d’interroger les Français sur les grandes orientations
de son destin, retrempait sa légitimité, est tombée en désuétude depuis
que nos dirigeants, qui en ont bafoué le verdict, se refusent à prendre
le risque d’un « non ». La stupide et néfaste instauration du
quinquennat, en créant la simultanéité des élections présidentielle et
législatives, a mis un terme à la respiration démocratique que
permettait leur décalage. A quatre reprises depuis 2012, les élections
municipales, cantonales, européennes et régionales se sont traduites par
un désaveu croissant et désormais massif du président et de la
« majorité » désignés il y a quatre ans, et il n’en a été tenu aucun
compte. C’est au nom et avec le soutien, de plus en plus fragile, d’une
minorité de faveur, que nous sommes gouvernés et que sont prises sans
notre aveu toutes les grandes décisions : guerre ou paix, alliances,
marché libre ou protection de nos intérêts commerciaux concurrence
déloyale ou défense de notre système social, immigration, lutte contre
le terrorisme, traités internationaux… Un homme seul et faible engage
irrémédiablement notre présent et notre avenir.
Pourquoi, en dépit de tous les crocs-en jambe et
de tous les chausse-trapes qui font obstacle à la libre et simple
traduction des sentiments et des aspirations populaires, l’élection
présidentielle demeure-t-elle la seule à n’être pas minée et délégitimée
par l’abstention, pourquoi suscite-elle, plus que jamais, au milieu
des incertitudes, des angoisses et des échecs qui sont notre lot
quotidien, les débats, les passions et la croyance obstinée dans la
possibilité du changement ? C’est bien sûr parce qu’elle est le pivot de
nos institutions et que notre peuple à la dérive, notre nation en
péril, notre communauté en désarroi attendent, comme ce fut si souvent
le cas au cours de notre histoire, le chef qui restaurera l’Etat. C’est
aussi parce qu’un nombre croissant de Français refusent de limiter
leur liberté et leur horizon à un choix contraint et démoralisant entre
P.S., UMP et Front national ou Front de gauche, entre le système et les
extrêmes. Le choix, le véritable choix est entre la poursuite de la
politique du chien crevé au fil de l’eau et le sursaut salvateur, entre
la continuité dans le déclin et la rupture positive qui fera le
relèvement national. A Debout la France, nous avons fait, nous prenons
et nous gagnerons le pari de l’intégrité, du courage, de la lucidité, de
la vision... L’avenir, pour nous, a un nom et ce nom porte une
espérance.
Dominique Jamet
Vice-Président