"Soyons fermes, purs et fidèles ; au bout de nos peines, il y a la plus grande gloire du monde, celle des hommes qui n'ont pas cédé." Charles de Gaulle.

samedi 19 octobre 2013

Intervention de Jean-Luc MANOURY dans le cadre du PACTE LORRAINE 2014-2016 sur le volet promouvoir les démarches innovantes d’attractivité et d’aménagement des territoires



Monsieur le Président,
Monsieur Président du CESEL et chers collègues,

Le 17 septembre était signé à Matignon le pacte Lorraine 2014-2016, un contrat particulier entre l’Etat et la Lorraine et selon le préfet MEDDAH : « pour la première fois ce n’est pas venu d’en haut. Tout ce que qui est dans le pacte émane de ce que le territoire va produire ».
Il fallait tourner la page du fiasco des promesses de campagne du candidat HOLLANDE debout sur une camionnette à Florange devenu aujourd’hui le président normal et pour qui le chômage va baisser avant la fin de l’année.

La situation est pourtant dramatique car plus de 190.000 personnes, toutes catégories confondues sont inscrites au pôle emploi en Lorraine (+ 6% en un an) et le taux de chômage en Lorraine a augmenté de 1 point en un an pour s’établir à 10,9% au 1er trimestre 2013 et heureusement que 79 500 personnes travaillent au Luxembourg.

Entre août 2012 et août 2013, le nombre de jeunes demandeurs d’emploi a augmenté de 4,4% en Lorraine et de 3,2% en France métropolitaine et notre région compte près de 52 000 bénéficiaires du RSA contre 47 000 un an plus tôt.

Par conséquent l’Etat socialiste et la région socialiste avait des intérêts commun à annoncer à défaut d’un redressement productif la volonté du gouvernement selon la lettre de mission du premier ministre du 19 avril 2013 de « faire de la Lorraine un territoire pilote » en préconisant de « s’appuyer sur les filières industrielles historiques ».

De votre chapeau Président, avec Roger CAYZELLE, président du Conseil Economique Social et environnemental est sorti « La vallée européenne des matériaux et de l’énergie » comme vecteur de développement des atouts lorrains.

Il s’agissait pour monsieur Ayrault de panser les plaies du dossier Arcelor-Mittal et faire oublier l’aventure aéronautique totalement surréaliste du « skylander » qui s’est achevée par un crash retentissant et ainsi de donner à la veille des élections municipales quelques biscuits électoraux à la majorité socialo-écolo-communiste en pleine déconfiture.

Il fallait en effet président tourner définitivement la page du dossier Skylander et le 24 juin 2010 dans cet hémicycle je vous avais demandé de « rectifier le plan de vol pour que le Skylander ne soit pas un avion « furtif avec du plomb dans l’aile » et j’avais dénoncé « le mode de gouvernance pour le moins hasardeux dans lequel on met en avant le coup médiatique au détriment de l’action politique concertée en nous annonçant un projet technique bien ficelé, des financements sains, des créations d’emplois massifs ».

Au sein du groupe Front National j’étais dubitatif dès le début sur ce projet mais vous nous aviez vendu le fait qu’un industriel viendrait s’implanter en Lorraine pour mener à bien son projet et qu’il demanderait au Conseil Régional un coup de pouce et je vous ai cru pour la Lorraine et pour les Lorrains.
  
Un coup de pouce qui a couté la bagatelle de 21 millions d’euros à notre région et 80 millions d’euros à l’Etat.
  
J’ai toujours été un élu responsable et même si le pacte Lorraine 2014-2016, un contrat particulier hors contrat de plan entre l’ Etat et la Lorraine est tenu de structurer l’action publique dans les 20 ans à venir autour de l’ énergie, des procédés et des matériaux,   je doute  et comme le disait Léon DAUDET : « Autant l’optimisme béat, c’est-à-dire inactif, est une sottise autant l’optimisme, compagnon de l’effort, pour sortir des difficultés, des souffrances, de lésions fonctionnelles et organiques est légitime ».

Hier fief de la sidérurgie, du charbon, de textile, du charbon, du textile, de la chimie, la Lorraine est aujourd’hui la région industrielle la plus touchée de France. Sa contribution à la richesse du pays, hier de 4,5% du Produit Intérieur Brut  en 1975, s’est aujourd’hui effondrée à 2,75%. Son industrie a perdu la moitié de ses emplois depuis 30 ans et le quart de ses effectifs depuis que la gauche est à la tête de la Région.

Le responsable n’est certainement pas le Front National, accusé aujourd’hui de tous les maux mais les politiques suivies par l’UMP hier et le PS aujourd’hui. L’Union Européenne est devenue une zone passoire appliquant le libre-échange édicté par l’OMC. Alors oui, vous êtes bien sur co-responsables de la crise économique qui nous tous touche et du marasme dans lequel nous nous enfonçons chaque jour. La perte de notre souveraineté budgétaire avec le nouveau traité européen approuvé conjointement par L’UMPS nous emprisonne un peu plus dans un destin que nous ne maitrisons plus.

Alors oui je suis dubitatif car cette antienne « faire basculer l’industrie Lorraine dans le 21ème siècle » je l’ai déjà entendu pour le fameux et chimérique projet ULCOS.
L’un des volets de ce pacte Lorraine 2014-2016 est de promouvoir des démarches innovantes d’attractivité et d’aménagement des territoires et j’y vois la déclinaison opérationnelle et un coup de pouce financier pour amorcer Lorraine 2020 piloté par Michel DINET, Conseiller Régional de Lorraine Délégué à la Stratégie.
L’ambition est de créer un levier pour aboutir à court terme à des investissements d’un montant total de 1,5 milliards d’euros en s’appuyant sur l’existant dans les territoires.

Ainsi dans l’action 14-1, il s’agit de construire des territoires pilotes de valorisation des ressources.
L’Opération d’Intérêt National ALZETTE-BELVAL est emblématique de la valorisation d’anciennes friches industrielles et je crois qu’effectivement le Nord Lorrain bénéficiera de ce renouveau.
Le traitement innovant des sols et des pollutions sur les friches de l’OIN va nous permettre de valoriser des terres excavées pour construire des bâtiments résidentiels et tertiaires et éviter ainsi la consommation trop importante de terre agricoles.

J’ai pu constater sur place que sur le site de BELVAL, friche industrielle luxembourgeoise, le Grand-duché élève des immeubles de bureau, une université et des laboratoires de recherche et du côté français des logements, des services et des commerces même si l’ambition affichée est de faire un véritable laboratoire de la ville de demain, une éco-cité transfrontalière avec l’implantation d’une cité des artisans autour du développement des filières de l’écoconstruction et du bois.
  
La dimension transfrontalière est ancrée dans le vécu des jeunes lorrains et constitue pour eux, un véritable atout. Le côté européen est sans doute beaucoup plus prégnant que dans d’autres régions françaises et le Luxembourg constitue une véritable opportunité en terme d’emplois et de salaires plus élevés (plus de 600 postes supplémentaires au 2ème trimestre 2013) mais il ne faudrait pas que les jeunes lorrains soient formés en Lorraine, travaillent aux Luxembourg et se contentent de dormir demain sur ce site.
 
Le contournement d’Audun-Le-Tiche, en projet depuis au moins 10 ans semble désormais en bonne voie qui permettra enfin de fluidifier la circulation qui  sclérose complétement la ville, passage obligé de nombreux travailleurs transfrontaliers

Dans l’action 14-2 vous affichez l’ambition de positionner la Lorraine en territoire pilote pour la transition énergétique et compte tenu du fait que le bâti lorrain est caractérisé par de faibles performances énergétiques car en effet d’abord plus de 55% du parc locatif social a été construit avant 1974  et son diagnostic de performance est dans 80 % des cas supérieur à C , qu’ensuite dans le parc privé 9 logements sur 10 sont anciens et énergivores et qu’enfin 50 000 des logements lorrains sont considérés comme pouvant appartenir à une copropriété fragile .

Si nous partageons ce constat qu’il faut stimuler le secteur du bâtiment dans la mise en œuvre de la rénovation énergétique du patrimoine bâti lorrain, nous savons que si dans le futur nous pouvons être vertueux  il faudra recycler et transformer ce qui a été construit ces 50 dernières années  et que le mythe « de la petite maison dans la prairie » est obsolète mais il faudra beaucoup d’argent et beaucoup plus que l’enveloppe dévolue.

Nous approuvons par exemple, les ateliers d’insertion par l’activité économique qui permettent de mettre le pied à l’étrier à des demandeurs d’emplois peu qualifiés qu’il s’agisse de la construction d’une recyclerie/ressourcerie à Pompey avec le tri, le contrôle, le nettoyage, la réparation de ces objets ou leur recyclage dans les filière adéquates ou la construction d’un bâtiment industriel destiné à l’implantation d’un centre de tri textile «  Le  Relais Lorrain » porté par la communauté de commune de Colombey-les-Belles qui emploiera à terme 20 salariés en CDD  Insertion.
Je suis content pour les personnes qui vont en bénéficier mais cela relève tout de même du catalogue à la Prévert.

Dans l’action 15 il est écrit que situé à 1h30 de Paris en TGV, à la frontière de la Belgique, du Luxembourg et de l’Allemagne, la Lorraine dispose d’atouts touristiques, culturels et patrimoniaux indéniables et que la culture et le tourisme sont des vecteurs de développements importants.
Cela on le savait déjà car on lit assidument les brochures du Comité Régional du Tourisme en Lorraine et l’on sait que cette activité génère 24 000 emplois salariés non dé localisables et 7000 emplois non-salariés.

On se félicite qu’un projet de « pôle du livre » voit le jour à Saint-Mihiel qui dispose d’un fond de livres et manuscrits précieux, issus des confiscations révolutionnaires afin qu’il donne un rayonnement départemental et au-delà à la partie Sud-Est de la Meuse et que naisse un pôle culturel des arts cinématographiques à Villerupt.
Ce sont des projets plus ou moins portés par les territoires.

Dans l’action 16 il est prévu de déployer le numérique comme soutien à l’implantation économique mais là aussi ce n’est pas nouveau. C’est la loi 2004-575 du 21 juin 2004 qui donne un cadre juridique aux collectivités locales souhaitant intervenir pour pallier une insuffisance du secteur privé dans le domaine des télécommunications et les quatre départements lorrain ont décidé d’arrêter une priorité commune de déploiement de l’accès au Très Haut Débit de leurs entreprises et de développer les réseaux numérique de santé.

En résumé, l’objectif est de préparer en environnement attractif pour les entreprises et pour les individus. Beaucoup d’objectifs affichés sont intéressants (logement, transport, mutation de l’automobile) mais ils manquent de précision. Un travail reste à faire au niveau de la définition des objectifs et surtout au niveau des critères que l’on cherche à optimiser.

Force est de constater une tendance à initialiser des actions très locales. S’agit-il de répondre à des pressions électoralistes et l’on a le sentiment que l’Etat et la Région attendent que les acteurs désignés  ou qui poseront leur candidature se coordonneront pour être les éléments d’un tout cohérent mais il est nécessaire d’avoir une impulsion et les objectifs affichés de maitrise du chômage ne pourront être que le résultat d’une succession d’étapes coordonnées et maîtrisées avec pour chacune d’elles un critère à optimiser. Dans l’état actuel des choses ce pacte est un catalogue d’actions.

Les seules compétences crédibles sont financières avec la création du Comité Régional d’ Orientation de la Banque public d’investissement mais il faudra aussi suivre l’évolution technique et sociale des projets concernés. Pour l’instant, monsieur le Président, ce pacte Lorraine me laisse dubitatif et comme le disait Marc GOLDSTEIN : «  la confiance ne se réclame pas, elle se gagne ».

Je vous remercie