Dimanche
15
mai 2016
Jamet le dimanche ! - Une tempête dans un Verdun
Une tempête dans un Verdun
Convier officiellement le surnommé Black M à donner un concert pour
commémorer la plus sanglante et la plus symbolique des grandes batailles
de la Première guerre mondiale, était-ce vraiment une bonne idée ? On
voit bien le rappeur, on a peine à comprendre le rapport. Certes, au
prix d’un grand effort d’imagination, le déferlement des décibels peut
passer pour une reconstitution évocatrice des orages d’acier qui
s’abattaient sur les défenseurs de Vaux et de Douaumont, mais on ne
sache pas que ce genre de spectacle réconcilie les anciens combattants
avec la musique moderne ni qu’il insuffle dans l’esprit et le cœur des
jeunes générations le sens de l’histoire et l’amour de la patrie.
Quoi qu’il en soit, le maire de Verdun avait sans
doute cru bien faire, ou du moins faire chic et moderne, en offrant au
chanteur de rap l’occasion de se produire sur la scène locale. Il
ignorait apparemment le répertoire et le registre bien particuliers de
son invité d’honneur. Petit-fils d’un tirailleur sénégalais qui a risqué
sa vie pour libérer la France pendant la deuxième guerre mondiale,
lui-même de nationalité française, « Black M », de son vrai nom Alpha
Diallo, a cru devoir, comme tant de jeunes vedettes du show business,
prendre un nom de scène anglo-américain, C’est son affaire. Mais ce qui
est la nôtre, c’est que, vedette du groupe de rap délicatement baptisé «
Sexion d’assaut » (sic), « Black M » y a voué à l’enfer les homosexuels
– « Je crois qu’il est grand temps que les pédés périssent » - repris
une chanson de Maître Gim sur les « youpins » et stigmatisé la France,
ce pays de « koufars ». Cet homme n’avait pas sa place à Verdun. Le
concert des protestations a eu raison du concert de profanation. L’Etat,
à la réflexion, a retiré sa subvention. Le maire socialiste de Verdun,
reculant devant l’ampleur des réactions hostiles à son initiative, a
déprogrammé le spectacle. On ne peut pas à la fois chanter et cracher
sur les tombes.
Tout est donc bien qui finit bien ? On ne
reviendrait pas sur l’épisode s’il n’avait fait l’objet d’une
exploitation indécente de la part d’un certain nombre d’associations
spécialisées dans le communautarisme, de politiciens déjà en campagne
pour 2017 et de personnalités supposées responsables. Ainsi M.
Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du P.S., n’a-t-il pas
craint de dénoncer la « police de la pensée » qui, selon lui, ferait la
loi en France. ! Ainsi M. Jack Lang, ministre honoraire de la Culture,
a-t-il vu dans le retour à la raison de la municipalité lorraine « une
capitulation devant l’idéologie frontiste » ! Ainsi, Mme Audrey Azoulay,
qui lui a succédé depuis peu de temps et probablement pour peu de temps
rue de Valois, s’est-elle élevée avec vigueur contre « un ordre moral
nauséabond » !
Eh bien non, nous ne pouvons laisser proférer de
telles contre-vérités ! Non, la France n’est pas ce pays xénophobe,
voire raciste, et pourquoi pas génocidaire, qu’une propagande venimeuse,
qui se fonde sur l’ignorance et la démagogie, ne cesse d’inciter à la
repentance et à la haine de soi. La France est ce pays qui place en tête
des indices de popularité le comédien Omar Sy,
l’humoriste-producteur-acteur Jamel Debbouze, le footballeur Zlatan
Ibrahimovic. La France est ce pays où dans la même journée le débutant
Slimane sortait vainqueur de l’émission la plus populaire du moment
tandis que le jeune et sympathique Amir représentait honorablement notre
pays à l’Eurovision.
Ce n’est pas parce qu’il est noir, comme osent
l’affirmer les menteurs et leurs dupe, qu’Alpha Diallo ne chantera pas
fin mai à Verdun, mais parce que, de son propre chef, il n’y méritait
pas sa place. Et qui est mieux placé pour connaître et apprécier la
réalité de la France actuelle que Mme Azoulay, éminente représentante de
l’importante aile marocaine de notre gouvernement, gouvernement dirigé
par un Premier ministre né espagnol et soutenu par un Premier secrétaire
d’origine grecque ? Au fait, si Mme Azoulay veut bien se donner la
peine de puiser dans n’importe quel dictionnaire français, elle y
vérifiera aisément que le vocabulaire de la polémique ne s’y limite pas
au seul mot « nauséabond ». On est en droit d’attendre du lointain
successeur d’André Malraux un peu plus d’originalité.
Dominique Jamet
Vice-Président de Debout la France