Jamet
le dimanche ! - AU FLOU !
22 février
Dominique
Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également
journaliste depuis... toujours tient chaque semaine sur le site de
Debout la France une chronique où il commente très librement l'actualité
politique.
Mettant à profit une
pause opportune dans les laborieuses
négociations entre le Conseil européen et la Grande-Bretagne, François Hollande
s’est invité vendredi soir à l’émission « Le téléphone sonne » sur France
Inter. Il était donc permis de penser que le président de la République
n’allait pas laisser passer cette occasion de clarifier un certain nombre de
questions que se posent légitimement les Français et que lui ont en effet
posées les auditeurs. De fait, il y a répondu. A sa manière.
Au lendemain de
l’adoption en Conseil des ministres d’un projet de loi qui réforme le Code du
travail dans le sens de la compétitivité
des entreprises et de la flexibilité de l’emploi, pour la plus grande
satisfaction du MEDEF, aux applaudissements des « Républicains »,
mais au détriment de l’indemnisation des
salariés, de l’influence des syndicats, et à contre-courant de sa majorité, le
chef de l’Etat s’est vu demander où il se situait désormais dans le paysage
politique. Bonne ou mauvaise, l’inflexion de sa démarche, de toute évidence,
constitue une rupture avec le programme sur lequel il a été élu et avec les
électeurs qui lui ont fait confiance en mai 2012. Sous l’égide d’un président
socialiste, un gouvernement socialiste a pratiqué dans la forteresse des 35
heures une brèche que son prédécesseur
avait souvent parlé d’ouvrir sans jamais le faire. Quand la droite cautionne
une venue de la gauche, cela signifie-t-il que la droite a passé l’arme à
gauche ou que la gauche a fait un demi-tour à droite ? « J’ai
toujours été engagé à gauche », a déclaré M. Hollande. On le savait. Mais
l’est-il encore ? Ou ne l’est-il
plus ? On ne le saura pas.
Ayant lié l’hypothèse
de sa candidature en 2017 à la baisse du chômage, l’invité de la radio de
service public a confirmé que, « sur ce point », il tiendrait parole…
mais s’est bien gardé de préciser s’il
considèrerait comme une base appropriée la baisse mécanique, artificielle et
fallacieuse, aux frais des contribuables, une fois de plus, du nombre des demandeurs
d’emploi dans les statistiques mensuelles de Pôle emploi ou s’il ne se
représenterait que dans le cas, hélas peu probable, d’une reprise réelle
« Je peux ne pas être candidat, je peux être candidat », a révélé
l’ancien maire de Tulle, ville qui n’est pas pour rien proche du château de M.
de Lapalisse. Quelle habileté, diront certains, mais le plus sage, quand on n’a
rien à dire, ne serait-il pas de ne pas parler ?
Dans l’abîme
d’impopularité chronique et apparemment
sans remède où est retombé M. Hollande et où son Premier ministre roule avec
lui, alors que les couteaux, les ambitions et les appétits s’aiguisent dans le
parti qui l’a porté au pouvoir, que les
rébellions, les dissidences, les manoeuvres et les annonces de pré-candidature
s’y multiplient, lorsque Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du P.S.
se dit désormais favorable, en décembre ou janvier prochain, à une primaire de
toute la gauche dont le président de la République lui-même ne serait pas dispensé,
le fait-il avec l’accord de celui-ci ou se prépare-t-il et prépare-t-il les
esprits à un prochain lâchage en rase campagne ?
Disciple zélé et un
peu balourd de feu le sphinx de Château-Chinon, François Hollande a retenu de
son maître la maxime, prêtée au cardinal de Retz et quelque peu galvaudée
suivant laquelle on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment. Il ne faut pas
abuser des meilleurs adages. Celui qui vient à l’esprit aujourd’hui est plutôt
la formule que Martine Aubry attribuait à sa grand-mère : « Quand il
y a du flou, c’est qu’il y a un
loup. » En l’espèce, ce n’est pas un seul loup qui est de sortie, mais
toute une meute.
Dominique
Jamet