Dimanche
28
fév 2016
Jamet le dimanche ! France année zéro
Dominique
Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également
journaliste depuis... toujours tient chaque semaine sur le site de
Debout la France une chronique où il commente très librement l'actualité
politique.
« Jungle » inextricable de Calais, si étrangement
impossible à extirper, aéroport-fantôme de Notre-Dame-des-Landes, en
balance depuis un demi-siècle, marasme de notre agriculture, chômage de
masse, stagnation puis recul de notre économie, faillite de notre
système d’enseignement, paupérisation du pays, décomposition de la
société, il n’est pas de question, insignifiante, mineure ou vitale,
que ce gouvernement et sa majorité ne soient incapables de régler, il
n’est pas de problème, petit, moyen ou grand, que notre classe politique
ne laisse désormais s’envenimer, pourrir et finalement gangrener tout
le corps social, il n’est pas d’urgence devant laquelle elle ne se
dérobe en organisant et en laissant se perpétuer de faux débats.
La laïcité, pilier de notre République, est-elle
en danger ? Le Parlement se perd dans d’interminables discussions sur la
longueur, la largeur et la couleur du voile dont l’islamisme radical
enveloppe les femmes, sur la composition des menus des cantines
scolaires, et sur la définition des signes ostentatoires d’appartenance à
telle ou telle religion. Notre société est-elle menacée de dislocation
par l’extension des zones de non-droit, l’incapacité où elle est
d’assimiler, d’intégrer, d’absorber des éléments hétérogènes ? On agite
devant l’opinion comme un leurre destiné à détourner son attention et
qui effectivement monopolisera les passions pendant plus d’un an, le
projet dit de « mariage pour tous », banale prise en compte de
l’évolution des mœurs et marginal élargissement du PACS. Le djihadisme
étend-il son ombre sanglante sur notre sol ? Le pouvoir exécutif et le
législatif s’embourbent dans une querelle byzantine autour de la
déchéance de nationalité. La menace terroriste appelle-t-elle une
réponse globale et déterminée ? L’état d’urgence, solennellement
décrété, s’enlise dans des procédures qui le vident de son efficacité.
Des millions de Français sont-ils sans emploi et sans espoir d’en
retrouver un ? Faute de savoir comment relancer l’économie, la
technocratie sort de ses tiroirs une réforme du Code du travail dont il
apparaît très vite qu’elle va occuper toute la fin du quinquennat,
qu’elle ne sera probablement pas adoptée, qu’elle n’entrera sûrement pas
en application , et qu’en tout état de cause elle ne sera de nul effet
sur la courbe du chômage.
On nous répète sans cesse que les Français ne
supportent pas les réformes et que ce pays est ingouvernable. Il ne
faudrait quand même pas inverser les choses, baptiser arbitrairement
« réforme » ce qui n’est trop souvent que régression et imputer aux
victimes les responsabilités qui pèsent sur les coupables. Au chevet
d’un pays malade, les Diafoirus et les Purgon qui nous dirigent ne
connaissent, ne pratiquent et n’ordonnent comme leurs lointains ancêtres
que la diète, la purge et la saignée. Etonnez-vous après cela que le
patient s’affaiblisse. La vérité est que nous sommes mal gouvernés
depuis plus de vingt ans et que, ces derniers temps, nous ne sommes plus
gouvernés du tout. La vérité est que, face à tout ce qu’on leur a fait
subir, les Français ont fait preuve d’une extraordinaire patience et
qu’aujourd’hui cette patience est à bout.
Le général de Gaulle, il y a soixante ans, avait
relevé et restauré l’Etat tombé en quenouille, il avait remis debout la
France. Entre les mains débiles de ses lointains successeurs, l’Etat
s’est érodé, l’Etat s’est effrité, l’Etat s’est émietté, il n’en restera
bientôt plus rien. La France, exsangue, est à genoux. De reculades en
abandons, le libéralisme sans frein auquel se sont progressivement
ralliés les deux partis du système, le fédéralisme rampant qui a
transmis à des institutions supranationales, incompétentes et
illégitimes le contrôle de nos frontières, la maîtrise de notre budget,
l’évolution de notre économie a privé les gouvernements nationaux,
dont le nôtre, des moyens de l’action, en auraient-ils l’intention. Mais
comment ceux qui sont incapables de gérer la France d’aujourd’hui,
également dépourvus de volonté, d’imagination et de vision seraient-ils
capables de dessiner et de bâtir la France de demain ?
De passage dans un Salon où il a été brutalement
confronté à la détresse et à la rage de nos agriculteurs, le chef de
l’Etat a été conspué, insulté, traîné dans la boue et peu s’en fallut
qu’il ne le fût dans la bouse. Image symbolique et navrante, au-delà de
l’impopularité de l’homme, de l’abaissement de la fonction, et de
l’avilissement de la République. Huer le président de la République est
inacceptable, a commenté M. Stéphane Le Foll. Mais lorsque l’on n’est à
la hauteur ni de la magistrature suprême que l’on a briguée ni des
circonstances difficiles ou tragiques que nous traversons, lorsque l’on
n’est qu’un ludion ballotté par les vagues de l’actualité, à quel
accueil peut-on s’attendre ? Sommes-nous condamnés à être les
spectateurs résignés, pendant les quatorze mois qui nous séparent encore
de la fin lamentable d’un quinquennat calamiteux, à n’être que les
spectateurs résignés du naufrage de l’Etat et de l’écroulement de la
France ? Il est regrettable que notre Code n’ait prévu aucune peine pour
non-assistance à patrie en danger.
Tout est à reconstruire.
Dominique Jamet
Vice-président de Debout La France