Dimanche
09
oct 2016
Jamet le dimanche ! Zemmour djihadiste ?
Eric Zemmour poursuivi en justice ? Zemmour est volontiers polémique
et c’est le lot des polémistes, depuis toujours, de s’attirer des
procès comme les grands arbres attirent la foudre. Eric Zemmour
poursuivi par SOS Racisme ? Rien d’étonnant là non plus. Ce n’est pas
d’aujourd’hui que partis politiques « de gauche », associations
parapolitiques toujours promptes, derrière le paravent de
l’humanitaire, à dénoncer et au besoin à inventer la « fachosphère »,
confrères confraternellement jaloux et gens comme il faut poursuivent de
leur vindicte et guettent au tournant le talentueux chroniqueur du
Figaro et de RTL. Mais Eric Zemmour poursuivi pour « apologie du
terrorisme » ? Il y a de quoi, au choix, tomber de l’armoire ou de sa
chaise. A moins, bien sûr, qu’Eric Zemmour soit subitement passé de
l’islamophobie au djihadisme, qu’il se soit converti puis radicalisé en
l’espace d’une nuit… Il paraît que ce genre de processus est extrêmement
rapide. Mais à ce point !
Naturellement, il
n’en est rien. Quelques lignes, extraites d’une interview donnée par le
journaliste au magazine Causeur, ont offert à la meute le prétexte
qu’elle cherchait pour se lancer sur ses traces et aboyer à ses
chausses. A l’interviewer qui qualifiait les terroristes islamistes d’
« esprits faibles » et d’ « abrutis », Zemmour a rétorqué que ce
jugement lui semblait sommaire et que pour sa part, il respectait « les
djihadistes « prêts à mourir pour ce en quoi ils croient –ce dont nous
ne sommes plus capables….Quand des gens agissent parce qu’ils pensent
que leurs morts le leur demandent, il y a quelque chose de
respectable… »
Il faut bien entendu
une bonne dose de mauvaise foi pour voir dans ce propos une quelconque
« apologie du terrorisme », qui serait plus que surprenante dans la
bouche d’un homme qui ne cesse depuis des années de stigmatiser
l’islamisme – et même l’islam – avec une courageuse véhémence., et les
plaignants peuvent d’ores et déjà s’attendre à perdre leur procès. Mais
la bonne foi n’est pas la chose du monde la mieux partagée dans la
France contemporaine.
L’erreur de Zemmour –
car erreur il y a – a été de ne pas assortir cette surprenante
déclaration de « respect » d’une explication ou d’un développement qui
l’auraient remise en perspective. Il est parfaitement exact – c’est l’un
des éléments, non le moindre ni le moins préoccupant, du problème – que
la plupart des djihadistes ( une notable exception étant celle du
dénommé Abdeslam, qui voulait bien tuer mais n’avait pas envie de
mourir) sont de modernes volontaires de la mort, des kamikazes, et c’est
particulièrement vrai de ceux qui, ayant grossi les forces et rejoint
le territoire du prétendu Etat islamique, défient depuis deux ans les
avions, les chars, les missiles et les offensives d’une coalition
infiniment supérieure par l’armement et les effectifs mais moralement
moins déterminée.
Pour autant, quel
« respect » méritent les affidés d’une idéologie sectaire, régressive,
mortifère, qui fait d’eux par destination des robots fanatiques, des
tortionnaires, des assassins, des Barbares ? Il est vrai qu’ils font
tête à l’ennemi avec la même énergie, avec la même farouche volonté que
des bêtes féroces, mais comment « respecter » des êtres humains qui se
sont retranchés de la communauté humaine et qui, s’ils sont
effectivement prêts à sacrifier leur vie, font si bon marché de la vie
des autres ? Courageux, et pourtant lâches, car s’il y a du courage à
affronter la mort au combat, la lâcheté est innommable qui les porte à
ne respecter ni la vie ni l’humanité ni l’innocence et à coucher sur le
pavé ou à égorger indistinctement vieillards et jeunes gens, femmes et
enfants ?
Zemmour a parlé en
froid logicien, et pris de la hauteur, ou de la distance, alors que nous
sommes encore au cœur de la mêlée, et que la passion l’emporte si
facilement sur la raison et les pulsions sur l’objectivité. C’est la
faille que tentent d’exploiter misérablement ceux qui l’attendaient à la
faute. Nous ne nous joindrons pas à la meute, ni à la rédaction de RTL
qui a saisi l’occasion inespérée de se désolidariser de l’une de ses
vedettes, ni à la direction de la station qui s’est dite courageusement
« consternée » des propos de son éditorialiste.
François Mitterrand,
le 8 mai 1995, devant le Bundestag médusé, avait fait sensation en
rendant un hommage appuyé aux soldats allemands qui, si nombreux étaient
allés au-devant de la mort. « Ils étaient courageux », avait-il
affirmé. Mais il n’avait pas omis d’ajouter « pour une cause mauvaise. »
Et puis, à deux jours de la fin de son second septennat, le président
de la République d’alors n’avait plus rien à perdre.