"Soyons fermes, purs et fidèles ; au bout de nos peines, il y a la plus grande gloire du monde, celle des hommes qui n'ont pas cédé." Charles de Gaulle.

vendredi 26 juin 2009

Séance plénière du 26/06/09 Intervention de Jean-Luc MANOURY

Rapport sur la situation économique et sociale de la Lorraine

Monsieur le Président,
Chers collègues,

Après une séance plénière le 19 juin, nous voici de nouveau réunis pour évoquer la situation économique et sociale de la Lorraine, les effets de la crise, les moyens d’y remédier.

Deux plénières en une semaine, cela change du rythme habituel et l’on peut se demander pour quelle raison, monsieur le Président, vous n’avait pas regroupé sur un même jour l’examen du compte administratif 2008 et ce rapport sur la crise économique afin de regrouper par exemple les deux commissions permanentes aujourd’hui.

Il y avait en effet une cohérence à comparer les bouleversements de notre économie avec les politiques publiques mis en place par le Conseil Régional de Lorraine et surtout l’examen de leurs efficacités.

Aviez – vous anticipé que cette analyse comparative n’aurait pas tourné à l’avantage de l’exécutif régional et qu’il valait donc mieux, dissocier les deux thèmes ou en habile communicant avez-vous pensé que les projecteurs seraient de nouveau braqués sur la Région Lorraine ?

Il nous paraît impossible d’entamer ce débat sur la situation économique et sociale de la Lorraine sans rappeler qu’il s’inscrit dans un contexte général marqué par plus de trente ans de déclin économique dont la responsabilité incombe à tous les gouvernements de droite comme de gauche qui se sont succédés durant cette période.

Ces politiques sont essentiellement les suivantes :

- la politique d’immigration massive et non contrôlée qui confisque aux Français plus d’un million d’emplois stables et pénalise notre économie en lui imposant une charge de 60 milliards d’euros par an (5% c’est le taux d’étrangers qui entrent en France avec un contrat de travail) ;

- l’inadaptation de la formation professionnelle aux besoins des entreprises (formation initiale, formation continue, apprentissage) ;

- le poids des prélèvements obligatoires qui décourage l’initiative créatrice et favorise les délocalisations ;

- la bureaucratie et la multiplication des échelons d’intervention grippant notre société et notre machine économique.

C’est l’entreprise qui crée l’emploi, et les dirigeants attendent non des subventions directes de la part des collectivités, mais une diminution sensible des charges par l’Etat pour rester compétitifs dans un contexte international sans frontières, amplifié par une crise financière venant des Etats-Unis.

1. Qu’est que cette crise ?

La crise d’aujourd’hui – d’une ampleur comparable à celle de 1929 - est le fruit d’une spéculation sur la dette.

C’est « l’Acte Unique » du 17 février 1986 signé par François MITTERAND et Roland DUMAS, ministre des relations extérieures qui a autorisé la libéralisation progressive des transferts de capitaux. Jusqu’alors les mouvements de devises étaient soumis au Contrôle des changes géré par la banque de France et le Trésor qui n’autorisaient que les opérations fondées sur des décisions économiques et tangibles et interdisait ipso facto la spéculation et, la seule liberté concernait les « euro dollars », situés hors du système français.

A cette suppression du contrôle des mouvements de capitaux, s’est ajoutée la liberté totale de l’endettement. Les structures étaient donc en place pour l’explosion du système et un endettement faramineux des Etats.

Les agents économiques, entreprises et particuliers, s’en s’ont également donné à cœur joie, incités en cela par « l’effet de levier » qui consiste à s’endetter lorsque les taux sont faibles pour amplifier le profit tiré d’un investissement , les fameux « subprimes » américains, résultant eux même de la combinaison de taux bas et de la croyance des prêteurs en l’augmentation indéfinie de la valeur des actifs immobiliers.

Puis le système s’est emballé sous le double effet d’un relèvement des taux et de la baisse de valeur de leurs logements, les particuliers ne pouvant plus rembourser se sont trouvés expulsés par leurs prêteurs qui se sont eux-mêmes retrouvés possesseurs de bien invendables.

A la ruine des particuliers s’ajoutait donc la déconfiture des banques et sociétés de crédit, mais également des assurances qui garantissaient les obligations « titrisées » résultant des crédits octroyés.

Cette globalisation financière permanente échappe totalement au contrôle des acteurs de l’économie réelle et aux représentants de l’Etat. Il est légitime de blâmer une classe politique qui a institué un tel système et l’a laissé dériver.

Lorsqu’on analyse les causes de cette crise qui touchent la France et la Lorraine, la plupart des solutions pour la juguler sont nationales ce qui doit nous amener à relativiser la politique que peut mettre en place le Conseil Régional.


2. La Lorraine touchée

D’après le dernier tableau de bord mensuel du CES, le solde entrées- sorties sur le marché du travail est négatif, et se dégrade d’un mois à l’autre avec près de 24.000 chômeurs supplémentaire dont beaucoup de jeunes.

Premier exemple le secteur automobile.

Longtemps symbole de la reconversion lorraine, ce secteur économique représente 50000 emplois si on inclut les garages, les établissements de vente et divers services.

Il a perdu 1000 emplois pour la seule année 2008.

La filière de la sous-traitance automobile va mal, ce secteur en Lorraine compte environ 300 établissements, essentiellement des PME-PMI et emploie 30.000 salariés. Ces entreprises ont observé au cours du second trimestre 2009, une baisse de la production de près de 40% par rapport à l’an dernier. Cette situation a engendré un chômage partiel avec parallèlement des difficultés de trésorerie.

L’Etat et la Région ont mis en place un certain nombre de dispositifs : une prime à la casse, le bonus écologique, la prise en charge de la formation pendant le chômage partiel, Oséo afin de limiter les répercussions de la crise.

Nicolas SARKOZY à injecté dans le plan de soutien automobile 7,8 milliards à la filière automobile en exigeant en contrepartie l’arrêt des délocalisations mais il a du capituler devant les diktats européistes car la France s’est engagée à ce que « les conventions de prêts avec les constructeurs automobiles ne contiennent aucune condition relevant de la localisation de leurs activités ou de l’approvisionnement en priorité auprès des fournisseurs installés en France » Pour ne pas perdre la face, le Directeur des Ressources Humaines François FILLON à ensuite évoqué « un engagement moral » demandé aux constructeurs.

La « prime à la casse » destiné à soutenir le marché de l’automobile a dans les faits tué le marché de la voiture d’occasion, tué les revendeurs, tué les réparateurs et pire encore, embouteillé les casses avec des véhicules en parfait état de marche et qui hier, auraient fait le bonheur de beaucoup d’entre nous.

Deuxième exemple le secteur agricole

Le Conseil Régional va apporter à travers son Plan de Modernisation des Bâtiments d’Elevage, un soutien accru aux exploitations laitières mais si l’agriculture française accepte de vendre le lait à perte, elle sera mise en dépôt de bilan et si rien n’est fait c’est une centaine d’exploitations agricoles qui fermeront par jour !

Ce que veulent les apôtres du mondialisme qui nous gouvernent, c’est la dérégulation du marché par l’interdiction de tout accord garantissant un prix minimum, la suppression progressive de toutes les aides à la production, la suppression des crédits bonifiés, la suppression de tout contrôle des importations. Nicolas Sarkozy a accepté à Bruxelles, la dérégulation complète des marchés agricoles et lorsqu’il fait des promesses sur le contrôle des prix et des marges, il se moque des français. Le traité de Maastricht a, entre autres, pour fondement, l’interdiction de la fixation interprofessionnelle du prix du lait et ce sont bien nos gouvernants de l’UMPS qui ont signifié expressément cette interdiction européenne aux organisations professionnelles.

Nous pouvons multiplier les exemples mais les politiques que Bruxelles à mis en place portent une responsabilité énorme dans la situation en Lorraine mais c’est bien entendu la mondialisation de l’économie, l’économie ultralibérale et le profit financier sans frontières qui porte la plus grosse part de responsabilités dans cette crise.

En plus de l’écroulement du système financier et économique, nous devons aussi nous attendre à l’écroulement du système de protection sociale puisque celui-ci a été conçu et instauré au temps du plein emploi. Ce système a fonctionné de manière satisfaisante tant que l’économie était protégée par le cadre national, aujourd’hui ce cadre n’existe plus, puisque la gauche, la droite et l’Europe l’ont détruit. De plus les conséquences de l’immigration officielle et incontrôlée aggravent fortement le naufrage du système économique et social.

3. Une économie au service de l’homme

Il faut peut-être penser à un nouveau modèle de développement. Cette course en avant commence à être remise en question car il ne saurait y avoir de croissance infinie dans un espace monde fini. Nous avons perdu le sens des limites inhérentes à la vie des civilisations. Nos excès et notre irrespect envers nous-mêmes comme envers la nature, détruisent la biosphère. Le capitalisme est fondé sur l’accumulation du capital et du profit. Il est indissociable de la démesure, laquelle entraîne le dépérissement de notre société.

Nous voulons que la République en tant qu’idéal, joue son rôle politique et émancipateur.

Il faut revenir à la protection du cadre national pour protéger nos emplois lorrains, nos entreprises, notre avenir et celui de nos enfants. Comme le disait Jean-Jacques ROUSSEAU : « Nous voulons briser ce désordre social qui conduit les hommes à agir par cynisme et par égoïsme, là où l’objet de l’Etat devrait être d’introduire de la fraternité et de la solidarité ».

Je vous remercie.